
Marc Renaud, fondateur de Mandarine Gestion et gérant du fonds Mandarine Valeur, surpondère son exposition aux valeurs bancaires.
Boursereflex : Quels ont été les éléments les plus marquants de l’année 2010 ?
Marc Renaud : D’un point de vue macro-économique, l’année 2010 est une année de reprise économique et de sortie de crise. Cette année se termine bien d’un point de vue boursier même si elle a été marquée par de nombreuses secousses. Seule la fin de l’année permet en effet de sortir par le haut de cette situation. Il faut relever qu’un des facteurs marquants de l’année 2010 est le phénomène devises et pays. Ces dernières années nous avions perdu l’habitude de regarder un pays en particulier en Europe car investir dans un secteur européen était la même chose quelque soit le pays. En 2010 c’est totalement différent. Par exemple, les banques d’Europe du Nord ont été perçues rassurantes alors que les banques d’Europe du Sud ont été jugées dangereuses. Il y a notamment 30 points d’écart entre les indices allemand et espagnol. De plus, l’année 2010 a aussi été une année de collecte. C’est un élément important car il faut resituer l’environnement, marqué par une aversion au risque du côté des particuliers et une contrainte réglementaire du côté des institutionnels. Notre fonds Mandarine Valeur, spécialisé sur les valeurs européennes, termine l’année en hausse de 14% contre 9% pour l’indice de référence (Stoxx 600). C’est un message rassurant pour NOS clients et les investisseurs particuliers qui ont encore peur de revenir sur les actions. Enfin, un autre élément marquant de l’année 2010 est la performance des petites et moyennes valeurs par rapport aux grandes.
Boursereflex : Aujourd’hui votre fonds est largement surpondéré en valeurs bancaires (plus de 20%). Cette politique d’investissement est-elle payante ?
Marc Renaud : Nous avons commencé à surpondérer les valeurs bancaires à partir du mois d’août. A cette période, le marché a fait -5% et les banques -15%. Dans un contexte de sortie de crise, j’ai décidé d’aller sur ces valeurs fortement décotées. C’est un choix que nous assumons car c’est un des rares secteurs où les valeurs présentent de fortes sous-valorisations. Pour l’instant, cette stratégie n’est pas encore payante. Nous avons été un peu secoués en fin d’année. Néanmoins, nous avons gagné de l’argent sur les banques d’Europe du Nord. En revanche, des paris sur des banques italiennes ou espagnoles comme Intesa, Unicredit ou Santander n’ont pas été rentables.
Boursereflex : Une crise financière comme ce que nous avons connu avec les subprimes ou la faillite de Lehman Brothers est-ce encore possible ?
Marc Renaud : La crise financière est terminée. Les Etats nous ont montré qu’il n’y aurait pas de faillite bancaire. Aujourd’hui, il y a un problème de dette souveraine car les plans de soutien des gouvernements ont fait exploser l’endettement. Les gagnants et les perdants de la crise sont connus, par exemple, BNP qui a racheté Fortis. A mon sens, la peur d’un nouveau krach est devenue peu rationnelle. Le pire est passé.
Boursereflex : Quelles ont été vos autres convictions en 2010 qui se sont révélées être de bons investissements ?
Marc Renaud : Cette année il y avait 3 compartiments sur lequel on pouvait gagner de l’argent. Tout d’abord, les small et mid caps ont été un bon pari cette année. On peut citer comme exemple la valeur Ingenico. Nous avons profité de cette classe d’actifs mais un peu moins que d’autres néanmoins. Ensuite, il fallait investir sur des cycliques industrielles, qui du fait de leur exposition au marché émergent ont bien performé. Par exemple, Schneider ou X-Strata. Aujourd’hui, nous avons réduit notre position sur ce secteur car il y a beaucoup moins de décote qu’il y a environ un an et demi. Enfin, on a pu faire de belles performances sur des valeurs défensives, ou des valeurs de croissance à un prix value. On peut citer par exemple Carlsberg ou PPR. Ce ne sont pas des valeurs dangereuses ou cycliques mais qui ont énormément souffert de la crise et ont connu des rebonds hallucinants.
Boursereflex : Quelles sont vos perspectives pour 2011 ?
Marc Renaud : Nous sommes assez confiants pour 2011. Nous sommes dans un bas de cycle économique mais également dans un bas de cycle boursier en terme de valorisation. Il y a un regain des investisseurs depuis septembre-octobre, mais il faut savoir qu’ils reviennent pour de mauvaises raisons. En effet, l’immobilier, de l’or ou les marchés émergents ont beaucoup progressé. Ce n’est pas encore un enthousiasme véritable pour les actions européennes. Le marché devrait rester encore compliqué en 2011.
Propos recueillis par Lucie Morlot.