Les deux journalistes français, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés mercredi après 18 mois de captivité en Afghanistan, ont exprimé leur joie et leur soulagement jeudi peu après leur arrivée à l'aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris.
Une centaine de personnes sont arrivées tôt ce jeudi matin à l’aéroport de Villacoublay pour accueillir les deux hommes. Une foule composée de leurs familles, de nombreux journalistes et des membres de leur comité de soutien dont Florence Aubenas, qui fut otage pendant cinq mois en Irak. Elise Lucet, responsable du magazine de France 3 « Pièce à conviction », émission pour laquelle travaillaient les deux journalistes quand ils ont été enlevés, s’est dit « fière d’eux », regrettant de n’avoir pu filmer leur descente d’avion. « On nous dit que c’est un souhait des familles. On aurait aimé filmer la descente de la passerelle de l’avion. C’est une image symbolique qui nous tient à cœur », a-t-elle déclaré.
Leur avion a atterri vers 8h45, ils ont ensuite pu profiter des retrouvailles avec leurs proches loin des caméras. Le président Nicolas Sarkozy et sont épouse Carla Bruni, sont également venus accueillir les deux hommes. « Ils nous ont raconté par le détail à partir du moment où ils ont été donnés par un taliban, un Afghan qui était avec eux et qui a joué le rôle de traître. Ils se sont fait coffrer tout de suite après », a raconté Paul Nahon, ancien directeur des magazines d’information de France 3 qui était dans l’avion de Kaboul avec les deux hommes.
Les deux otages se sont ensuite adressés à la presse. Visiblement fatigués et éreintés par leur captivité, ils ont exprimé leur joie et leur soulagement, tout en évoquant leurs conditions de détention. « Ca va relativement bien. Bon, quelques problèmes de santé relativement mineurs, fatigué, tendu par les derniers jours parce que, là, on avait l’espoir que ça allait enfin se dénouer. Ca fait trois, quatre nuits que je ne dors pas », a déclaré Hervé Ghesquière. « Les conditions de vie, c’est être enfermé 23h45 sur 24, avec une nourriture spécial montagne afghane », a raconté Hervé Ghesquière avec humour et très à l'aise. « À ce niveau-là, il n'y a pas eu de mauvaises choses, c'est sûr, mais évidemment, après, c'est l'enfermement, la mauvaise nourriture, le manque d'hygiène, mais pas spécialement parce que nous étions otages, mais parce que, dans ces montagnes afghanes, on vit comme au Moyen Âge. Le plus terrible au début, c’est de se dire mais qu’est-ce qu’on va faire de toute la fin de la journée, il est 8 heures du matin, on va devoir vivre a priori sans rien faire jusqu’à 10 heures du soir, rien à lire ».
Se déclarant très heureux les deux hommes ont indiqué vouloir reprendre une vie normale au plus vite. «J’ai faim de liberté, j’ai de respirer, j’ai faim tout court. Une énorme faim » a indiqué Stéphane Taponier. Interrogé sur un éventuel retour en Afghanistan, Hervé Ghesquière a reconnu ne pas être prêt à y retourner tout de suite mais a assuré: « J'ai envie de faire ce métier, plus que jamais ».
Le flou persistait ce jeudi matin autour de la libération des ex-otages. Aucun détail n’avait été communiqué ce jeudi matin par le gouvernement sur la teneur des négociations entres les services français et les ravisseurs. Hier, les familles expliquaient n’avoir reçu aucune information sur les conditions de cette libération même s’ils s’attendaient à un dénouement heureux depuis quelques jours. Alain Juppé et Valérie Pécresse ont affirmé de leur côté que « la France ne paie pas de rançon ». Egalement interrogé le nouveau ministre des Finances François Baroin a assuré : « la réponse est non et sans ambage ».