
Remy Bert, associé gérant de Montaigne Capital, investit sur des valeurs de croissance ou fortement décotées parmi l’univers des small et mid caps.
Boursereflex : Vous venez de lancer le 22 octobre le fonds Montaigne Capital Convictions France. Quel est la thématique de ce fonds ?Remy Bert : Nous investissons sur des valeurs européennes, qui présentent de fortes perspectives de croissance ou de belles décotes. Les petites et moyennes capitalisations ont beaucoup souffert ces dernières années en bourse. Certaines de ces valeurs étant très peu liquides, cela a été très préjudiciable pour les petits porteurs. Nous avons donc décidé de lancer un fonds où les particuliers peuvent entrer en titres (souscription par apport de titres) et devenir ainsi détenteurs de part de fonds. Cela répartit mieux le risque. Ce fonds existe depuis mi octobre et totalise aujourd’hui environ 5,5 millions d’euros d’encours.
Boursereflex : Quelles sont vos convictions pour 2011 ?
Remy Bert : Contrairement aux grandes capitalisations, il est plus difficile de jouer les secteurs avec des petites et moyennes valeurs. Il n’y a pas de petites capitalisations dans le secteur bancaire par exemple, secteur plutôt décoté aujourd'hui. Nous allons donc avoir des convictions sur des petites valeurs en suivant un certain nombre de critères. Tout d’abord, j’investis sur les hommes, c'est-à-dire sur le patron. Ensuite, il y a d'autres critères comme ceux du créneau porteur, de la marge, de la visibilité et du price earning.
Boursereflex : Sentez-vous le retour des investisseurs sur les marchés actions ?
Remy Bert : Par rapport aux années 2000, les marchés actions sont au plus bas. En effet, aujourd’hui le CAC est aux alentours de 4000 points alors que nous étions à 7000 en 2000. Même si à l’époque la bulle internet gonflait artificiellement le CAC, il y a eu depuis d’importants gains de productivité dont le marché ne profite pas. Nous sommes donc plutôt optimistes sur les actions, en tout cas pour l’année 2011. Il y a bien entendu des paramètres macro-économiques (inquiétudes sur les dettes des pays notamment) qui peuvent altérer ce mouvement haussier. Notons par ailleurs, que la performance des petites et moyennes valeurs est supérieure à celle du CAC40.
Boursereflex : Il y a tout de même le problème de la liquidité sur cette classe d’actifs. Comment y palier ?
Remy Bert : C’est en effet l’inconvénient principal de cette classe d’actifs, si on la gère en ligne directe. Tout le monde se rappelle de la mésaventure de Richelieu Finance, qui avait une grosse ligne sur le Club Méditerranée (plus de 20% du fonds). Suite à la chute du titre, la société de gestion est passée de 5 millions de conservation à 2 milliards de cessions, ce qui a fait s’effondrer le marché. Cela s’est passé en même temps que l’affaire Kerviel. Ces catastrophes démontrent l’importance de répartir ses risques. Nous détenons une trentaine de valeurs dans le fonds Montaigne Capital Convictions France, majoritairement sur des petites et moyennes valeurs, mais n’excluons pas d’investir sur quelques grandes capitalisations, afin d’assurer la liquidité. Nous avons au moins 25% de valeurs dont la capitalisation est supérieure à 1 milliard d’euros et à l’inverse pas plus de 25% de valeurs en-dessous de 100 millions d’euros.
Boursereflex : Quelles sont vos valeurs favorites aujourd’hui ?
Remy Bert : Nous sommes favorables sur la valeur Parrot, dont le patron est un passionné et un bon gérant. Le cycle des produits est assez court, il y a donc régulièrement de nouveaux produits sur le marché. La valeur a bien décollée récemment. Tout l’art du gérant est d’être à la fois contrariant et sur des créneaux porteurs. C’est ce que l’on retrouve avec Parrot. De même avec la valeur Archos, qui a beaucoup déçu auparavant à cause de produits beaucoup trop chers que personne n’achetait. Aujourd’hui, les produits sont moins chers et devraient avoir du succès. On commence donc à revenir sur la valeur progressivement. Ce positionnement sur les valeurs technologiques a été assez payant sur le mois de novembre. Dans un autre secteur, nous apprécions également les sociétés Rhodia et Vicat, qui bénéficient d’une forte exposition aux pays émergents. Enfin, pour jouer le secteur bancaire, nous avons initié une petite ligne sur le Crédit Agricole, valeur assez décotée du secteur. Mais c’est l’exception qui confirme la règle vu que le fonds est composé essentiellement de petites et moyennes capitalisations.
Propos recueillis par Lucie Morlot.