
Pour François Chaulet, directeur général de Montségur Finance, il faut privilégier le stock-picking et revenir sur les actions qui ont été largement délaissées durant l’année.
Boursereflex : Quel bilan faites-vous de l’année 2010 ?
François Chaulet : Nous sommes plutôt perplexes dans la mesure où le début de l’année a été marqué par un mouvement assez favorable des marchés, grâce à un phénomène de rattrapage de l’économie. Il y a eu quelques signes positifs du côté des entreprises, notamment celui d’un retour à une meilleure profitabilité. Pourtant, les marchés se sont surtout concentrés sur des critères macro-économiques. Ce n’est que maintenant que les opérateurs semblent à nouveau s’intéresser aux entreprises. Il y a eu un engouement assez marqué pour l’or, les matières premières et les actions des pays émergents.
Boursereflex : Les marchés émergents ont d’ailleurs été un des moteurs de la croissance sur 2010.
François Chaulet : Les marchés émergents ont en effet été un des moteurs de la croissance, mais il ne faut pas oublier que les Etats-Unis sont restés également un moteur. La consommation américaine a été très vigoureuse. De plus, en Europe, l’Allemagne a été un des rares marchés à produire une croissance assez signifiante. Cela signifie que l’on peut réaliser des performances malgré une devise malmenée et une conjoncture économique plutôt morose.
Boursereflex : Dans ce contexte, quelle a été votre stratégie de gestion ?
François Chaulet : Nous avons privilégié la sélectivité et n’avons pas recherché à tout prix la performance indicielle. Nous sommes frappés par la sous-valorisation des actions par rapport aux classes d’actifs. Il semble qu’il y ait des bulles un peu partout, dans l’immobilier, sur les devises, les taux d’intérêt ou encore les matières premières. Malgré un rebond de fin d’année, la valorisation des actions ne reflète pas la qualité des bénéfices produits dans un ENVIRONNEMENT de crise. Il ne faut pas oublier que 2010 est l’année du retour des niveaux quasi historique des profits des sociétés du CAC 40. Or le marché n’a pas salué ce critère. Il y a beaucoup de retard dans certains secteurs en terme de valorisation, comme les bancaires ou les cycliques.
Boursereflex : Quelles sont vos convictions aujourd’hui pour 2011 ?
François Chaulet : Faire du stock-picking prend tout son sens aujourd’hui. Nous sommes investis à 100% sur tous nos fonds actions, c’est-à-dire que nous ne nous reposons pas sur une poche de cash pour diminuer la volatilité. On estime que l’accident majeur est derrière nous. Il est trop tôt pour sortir des marchés actions et prendre ses bénéfices. Nous le faisons au cas par cas, mais pas d’un point de vue global. Nos convictions sont simples dans la mesure où nous sélectionnons les valeurs, qui peuvent faire une bonne performance l’année prochaine. Nous choisissons des valeurs bénéficiant d’une forte décote et pouvant faire l’objet d’un rattrapage ou d’une opération financière. Par ailleurs, nous avons une autre thématique qui est de constituer un portefeuille de valeurs idéales, faisant partie des grands indices européens. Enfin, une dernière thématique que nous privilégions est celle des dividendes. En effet, il y a un écart de rentabilité et de dividende très important.
Boursereflex : En terme de valeurs, que conseillez-vous ?
François Chaulet : Nous apprécions des valeurs comme Air France, qui réalise de belles performances et a encore du potentiel, ou encore Alcatel Lucent, qui retrouve le chemin de la croissance opérationnelle et des marges. Il faudra suivre les bancaires, tout en privilégiant le stock-picking. Par ailleurs, il y a des valeurs délaissées des marchés comme Derichebourg, qui renoue avec la croissance (+46% de hausse sur l’année), Archos, qui pourrait recommencer à gagner de l’argent, ou encore Alstom, qui est la lanterne rouge du CAC 40 (-30% depuis le début de l’année).
Propos recueillis par Lucie Morlot.