BourseReflex : Que pensez-vous de l’âge moyen de départ à la retraite ?
Christophe Ramaux : Il y aura de toute façon de plus en plus de retraités dans les années qui viennent. Pour financer ces retraites, trois solutions se présentent : baisser les pensions, retarder l’âge de départ à la retraite, ou augmenter les taux de cotisation. Pour ma part, je pense qu’augmenter les taux de cotisation est la meilleure solution. Cela permettrait de contribuer à ce que la retraite reste un droit au bonheur, ce qui est possible aujourd’hui grâce à la protection sociale. Ce n’a pas toujours été le cas : en 1970, 28% des retraités étaient pauvres. Aujourd’hui, seuls 4,5% des retraités sont pauvres.
BR : Que pensez-vous des différents scénarios étudiés par le Conseil d’orientation des retraites (COR) ?
C.R : Le COR présente trois scénarios avec un taux de chômage (4,5% ou 7%) et des gains de productivité (1,5% ou 1,8%) plus ou moins forts. Dans tous les cas, le PIB devrait doubler d’ici 2050. Et même avec des mauvaises prévisions, il est possible de promettre une hausse de pouvoir d’achat de 50%, pour les actifs et les retraités. Or les actifs doivent faire des sacrifices : au lieu de bénéficier d’une hausse de pouvoir d’achat de 100%, ils profiteront d’une augmentation de 50%, ce qui sera bénéfique aux retraités.
BR : Que pensez-vous des prévisions du COR concernant le chômage, qui s’élèverait à 4,5% à long terme dans l’un des scénarios, une situation de "plein emploi" que la France n’a pas connue depuis les années 70 ?
C.R : Mais il n’est pas dans la nature des choses d’avoir un taux de chômage qui tourne autour de 10%. C’est limité intellectuellement de penser cela. La zone euro n’est pas condamnée à connaître cette situation de chômage. Il est par ailleurs intéressant de voir comment le Medef instrumentalise le chômage comme instrument de discipline contre le salariat. Après les catastrophes de ces dernières années, les patrons continuent de vouloir donner des leçons, au nom des déficits publics dont ils sont responsables.
BR : Comment faut-il augmenter les cotisations ?
C.R : On peut s’appuyer sur les différents scénarios présentés dans ce rapport, et discuter de la hausse des cotisations. On était à 1% de taux de cotisation au début du XXème siècle. Or aujourd’hui les retraités consomment, ce qui est aussi positif pour les entreprises. Il s’agirait de mordre sur les dividendes versés aux actionnaires. En tout cas, il n’est pas imaginable de baisser le niveau des pensions. Alors que les richesses seront deux fois plus grandes qu’aujourd’hui, il n’est pas envisageable de voir réapparaître des vieux pauvres. Baisser le niveau des pensions est une idée qui provient du Medef. L’organisation patronale possède un discours de classe correspondant aux intérêts de 2% de la population.