Nicolas Sarkozy doit désormais choisir de convoquer ou non un Congrès pour inscrire dans la Constitution des règles de retour à l'équilibre budgétaire, qui ont reçu mercredi l'aval du Parlement par un dernier vote à l'Assemblée, mais avec le seul soutien de la majorité.
Le Premier ministre François Fillon s'est dit mardi favorable à une convocation de l'Assemblée et du Sénat en Congrès pour que cette la "Règle d'or" soit définitivement adoptée.
"La décision n'est pas prise à ce jour", a ajouté Valérie Pécresse, ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, mercredi, après le Conseil des ministres.
La marge politique du chef de l'Etat est étroite, alors que la crise de la dette menace la zone euro.
A l'Assemblée et au Sénat, l'opposition de gauche a voté à chaque lecture contre cette "Règle d'or", qui consiste à inscrire dans la Constitution des "lois-cadres d'équilibre des finances publiques" prévoyant sur au moins trois ans "le rythme du retour à l'équilibre" budgétaire.
Dans ces conditions, le gouvernement ne pourra jamais réunir une majorité des 3/5e requise au Congrès (réunion de l'Assemblée et du Sénat à Versailles), surtout si le nombre d'élus de gauche progresse avec le renouvellement de la moitié du Sénat fin septembre.
Le gouvernement accuse déjà la gauche d'avoir un comportement "irresponsable", sous-entendant qu'elle met en danger la note "AAA" des agences de notations qui permet à la France de financer sa dette en empruntant sur les marchés aux meilleurs taux d'intérêts.
"Vous voulez faire peur à nos concitoyens en agitant le spectre de la Grèce", a répliqué mercredi Martine Billard, coprésidente du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, lors de la toute dernière lecture mercredi à l'Assemblée.
L'orateur PS Henri Emmanuelli a parlé de "malversation intellectuelle": "Quand on est à 1.800 milliards d'euros de dettes, contre 900 en 2002, on ne vient pas proposer à l'Assemblée nationale des règles pour limiter les déficits".
"Je pense que les observateurs savent lire. Ils voient bien que c'est une +Règle d'or+ qui n'en est pas une. C'est un pétard mouillé et une opération politicienne interne", a affirmé à l'AFP un autre député PS, Pierre-Alain Muet, qui n'imagine pas la convocation d'un Congrès.
S'il y a un Congrès, "on dénoncera une manipulation juste avant les élections et on boycottera", glissait mardi à l'AFP un député PS rallié à Martine Aubry.
Le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer (UMP), a souhaité "que l'opposition fasse comme les gauches de tous les grands pays européens et accepte de faire un bout de chemin pour sauver l'essentiel de l'intérêt général".
Le nouveau président des députés du Nouveau Centre, Yvan Lachaud, souhaite lui aussi que les deux chambres se réunissent à Versailles pour adopter la "Règle d'or".
"Les menaces pesant tour à tour sur la Grèce, l'Irlande, le Portugal, hier encore l'Italie, ainsi que le spectre d'une dégradation de notre signature AAA, démontrent la pertinence de notre combat", poursuit le Nouveau Centre, qui proposait dès 2008 une "règle" plus ambitieuse (inscrire dans la Constitution l'interdiction des déficits de fonctionnement).
"Dans cette perspective, le groupe Nouveau Centre appelle tous les élus, de droite comme de gauche, à voter unanimement cette réforme constitutionnelle, au-delà des querelles partisanes, afin d'adresser un signal sans ambiguïté à nos partenaires européens et à nos concitoyens", selon M. Lachaud.