En raison de la crise financière et de recours juridiques, le quartier d'affaires de La Défense, le plus important en Europe, s'interroge sur son avenir, et notamment sur celui de ses deux plus importants projets, les tours Phare et Hermitage, pour le moment pas remis en cause.
Les doutes sur la possibilité de voir un jour ces deux tours s'élever dans le ciel du nord-ouest de Paris viennent d'être ravivés par différentes péripéties qui risquent de retarder ou compromettre leur édification.
"On maintient la construction de Phare malgré la crise car on joue le contre-cycle", affirme à l'AFP Aline Sylla-Walbaum, directeur général délégué développement d'Unibail-Rodamco, la principale société foncière européenne.
La tour Phare, qui doit devenir entre la Grande Arche et le CNIT, avec 300 mètres et 69 niveaux de bureaux, la plus haute de France, ne devrait toutefois voir le jour qu'au premier semestre 2017 au lieu du courant de l'année 2016 comme prévu jusqu'à présent, "sa livraison étant retardée", reconnaît Unibail-Rodamco.
En effet, aux différents recours déposés devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val d'Oise) notamment par l'opposition de gauche de la ville de Courbevoie (Hauts-de-Seine), est venue s'ajouter un différent avec le maire UMP de cette commune au sujet d'une passerelle. Celle-ci permet chaque jour à 30.000 personnes de relier l'Esplanade de la Défense au quartier de l'Arche en surplombant le boulevard circulaire.
Querelle pour une passerelle
"Nous voulons avant la démolition de cette passerelle pour les travaux, l'édification d'une autre passerelle provisoire de plein-pied qui permet à toutes les personnes, âgées et handicapées, de l'emprunter", a indiqué à l'AFP une porte-parole de Courbevoie.
Unibail-Rodamco qui avait envisagé, pour permettre un chemin plus court, une solution comprenant des ascenseurs, des escalators et des escaliers, affirme désormais travailler sur d'autres solutions pour une passerelle de plein-pied.
La foncière poursuit par ailleurs les travaux de la tour Majunga (195 m de hauteur, 69.500 m2), qui doit être achevée en décembre 2013. Ainsi que le projet de lensemble immobilier Trinity qui comprend une tour de bureaux de 41.000 m2 et un immeuble de 8.000 m2.
Les travaux de deux autres tours ont déjà démarré: Carpe Diem (166 m, 47.000 m2) des assureurs Aviva et Predica (Crédit Agricole) et D2 (180 mètres, 54.000 m2) de Sogecap, la compagnie d'assurance-vie de la Société Générale.
Le groupe franco-britannique Générale Continentale et l'américain Carlyle espèrent pour leur part avoir bientôt purgé tous les recours juridiques pour démarrer Ava (64.000 m2, 34 étages) et R2 (75.000 m2, 42 étages).
Pour le moment seuls les projets de la tour Signal de l'architecte Jean Nouvel et celle de l'assureur italien Generali (92.000 m2) sont définitivement annulés faute de financement.
Reste le cas des deux tours jumelles (320 mètres) du promoteur Hermitage. Ces dernières seraient le premier exemple en France d'un complexe associant logements, bureaux, hôtel et commerces sur le modèle nord-américain.
Le lancement des travaux reste programmé fin 2011, malgré le succès d'un référé de copropriétaires riverains. C'est en tous les cas ce que vient de confirmer son promoteur d'origine russe Emin Iskenderov qui n'a toujours pas annoncé le nom des banques qui doivent financer son projet de 2 milliards d'euros.