
Mecredi, le styliste a tenté de s’expliquer sur les raisons qui l’ont poussé à agonir d’injures antisémites les clients d’un bar en février dernier.
Assis sur le banc des accusés, John Galliano, cheveux lâchés et tout de noir vêtu, a regardé droit devant lui pendant toute l’audience. Le couturier britannique était jugé mercredi devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour deux affaires d’injures à caractère raciste.
Le styliste britannique est accusé d’avoir insulté trois personnes au cours de deux altercations dans un bar du Marais à quelques mois d’intervalle. Le 24 février dernier, il avait traité une jeune femme de « sale gueule juive » et son ami de « putain de bâtard asiatique ». Après leur plainte, une troisième jeune femme avait à son tour assuré avoir eu une altercation avec le couturier quelques mois avant, début octobre 2010. John Galliano l’aurait alors traité de « sale pute juive ».
Costume sombre et l’air chétif, l’ancien directeur de création de la maison Dior est entré dans la salle d’audience par une porte dérobée. Il est revenu exprès de cure en Arizona pour comparaître à son audience. Lorsqu’on lui demande de justifier son comportement, Galliano explique qu’il souffrait à l’époque d’une « triple addiction », à l’alcool, aux somnifères et au valium. Une situation dans laquelle il dit avoir plongé après avoir perdu son père en 2005 et un ami proche en 2007. De plus le surmenage et la pression chez Dior et son entreprise auraient aggravé son état. « L’homme que je vois sur ces images a besoin d’aide. C’est la coquille vide de John Galliano, poussé à bout » dit il en visionnant les images de son altercation. Il plaidera également de ne pas se souvenir des insultes proférées, « Je ne me souviens pas plus de ces paroles que des autres prononcées à l’encontre de ces gens qui m’accusent ». Il a également répété plusieurs fois que toute sa vie il a combattu les préjugés, l’intolérance et la discrimination. Entre addiction, schizophrénie et amnésie, le styliste ne simplifie pas le travail du tribunal.
La procureure de la République a requis au moins 5.000 euros d’amende pour chaque dossier, soit 10.000 euros minimum, à l’encontre de John Galliano. Rappelant au tribunal, que c’est « le racisme de comptoir, de parking, de supermarché » qu’ils ont a jugé, avant de se tourner glaciale vers le couturier, « C’est toujours difficile de se rappeler qu’on a été quelqu’un de moche ».
Pierre Saussois.