L’avenir de Berlusconi s’assombrit, déjà désavoué aux municipales, le président du Conseil italien a essuyé un nouveau revers personnel lundi. Par voix de référendum les italiens ont voté massivement contre le retour au nucléaire, une privatisation de l’eau et la forme d’immunité judiciaire dont il bénéficie.
Des lendemains difficiles attendent Silvio Berlusconi. L’ampleur de la mobilisation (56% de la population) et la réponse apportée aux questions soumises à référendum révèlent une véritable rupture avec le corps électoral (de 94,3% à 96% selon la question). Un résultat surprenant de la part d’un leader sur le devant de la scène politique depuis dix-sept ans et qui a toujours su prévoir les humeurs de ses concitoyens. Pour l’ensemble des médias italiens, Berlusconi a perdu le contact avec le peuple italien.
Le chef du gouvernement a reconnu sa défaite sur « tous les thèmes », qualifiant de « nette »la position des italiens et estimant que « la volonté de participation des citoyens aux décisions sur notre avenir ne peut être ignorée ». Mais le vote donne un coup d’arrêt définitif aux projets du gouvernement Berlusconi qui avait annoncé en 2008 la construction de centrales à partir de 2014 pour un retour à l’atome en 2020. Actuellement jugé dans trois procès dont celui sur le scandale sexuel Rubygate, Silvio Berlusconi redoutait surtout le référendum sur la question de son immunité. En effet la loi dite d’ « empêchement légitime »lui permettant de ne pas se présenter en justice en raison des ses obligations de Premier ministre pourrait être annulée. « Nous avons dit non au nucléaire, mais surtout nous avons établi le principe sacro-saint selon lequel la loi est égale pour tous » a commenté l’ex-juge anticorruption Antonio di Pietro, chef du parti Italie des valeurs, l’un des grands initiateurs des référendums.
Pour le Cavaliere, l’échec aux référendums constitue une nouvelle gifle après la déroute de sa coalition de centre-droit aux municipales partielles d’il y a 15 jours, en particulier dans son fief de Milan. L’un de ses plus proches collaborateurs, Ignazio La Russa affirme néanmoins que « cela ne modifiera pas l’action gouvernementale ». Mais dans l’opposition, le chef du Parti démocrate Pier Luigi Bersani a parlé de « résultat énorme », assurant que sa formation est « le premier parti d’Italie » et appelant le Cavaliere à démissionner. Le pacte de fer entre Berlusconi et son allié la Ligue du Nord a aussi commencé à se lézarder. Le chef de ce parti, Umberto Rossi, considère que « Berlusconi a perdu sa capacité de communiquer avec les gens à la télévision ». Après les résultats, Roberto Calderoli, un autre poids lourd de La Ligue s’est dit « fatigué de recevoir des claques » à cause de Berlusconi.
Au Parlement, Silvio Berlusconi peut encore compter sur une majorité de 315 à 320 voix. Mais il devra compter avec l’effet de ces référendums et les exigences de son allié la Ligue du Nord pour le vote de confiance sur le programme du gouvernement prévu le 22 juin au Parlement. Un rendez-vous crucial.
Pierre Saussois.