
La rumeur courait depuis quelques semaines : Microsoft a confirmé cet après midi le rachat de Skype pour 8.5 milliards de dollars, la plus grosse acquisition de son histoire.
Après avoir été racheté en 2005 par eBay pour 2.6 milliards de dollars puis revendu en 2009 à un fond d’investissements, Skype était une cible de choix pour les acteurs du web. Le spécialiste de la téléphonie par internet continu d’attiser les appétits et de passer de main en main. Il était depuis quelque temps l’objet d’une lutte entre les gros bras d’internet : Google, Facebook et Microsoft. Alors que les deux premiers annonçaient une somme entre 3 et 4 milliards de dollars, Microsoft joue la carte de la surenchère en proposant la somme de 8.5 milliards de en numéraire. Pour e géant de l’informatique cette opération devrait «augmenter l’accessibilité des communications audio et vidéo temps réel, en apportant les bénéfices tant aux consommateurs qu’aux utilisateurs en entreprise et générant de nouvelles opportunités significatives d’activité et de revenus ».
8.5 milliards, une somme qui peut surprendre. En effet, Skype a rarement été profitable. Si le groupe a enregistré en 2010 un chiffre d’affaires de 860 millions de dollars, il a accusé une perte de 7 millions de dollars. De plus Skype détient une dette à long terme de 686 millions de dollars. Par ailleurs seulement un peu plus de 10% des utilisateurs Skype (170 millions) possède un compte payant. Même si Microsoft coupe l’herbe sous les pieds des deux autres géants du web, beaucoup trouvent l’offre surévaluée (8 fois le chiffre d’affaires de Skype en 2010).
Néanmoins cette acquisition peut se justifier dans la mesure où les services MSN de Microsoft peinent face à la concurrence de plus en plus forte d’acteurs comme Apple, Google ou Facebook. En effet, Skype va permettre de relancer les services internet de Microsoft, en perte de vitesse et de développer un service de visiophonie sur son Smartphone. Mais cela va impliquer de jouer serré avec les opérateurs téléphoniques qui fournissent les terminaux. Microsoft ne serait peut être pas le seul bénéficiaire de cette transaction : en apportant la technologie de Skype à Facebook, dont il est actionnaire, le célèbre réseau social pourrait ainsi développer son tchat vidéo, un accord entre les deux permettrait de ralentir la progression de Google.
Pierre Saussois.