
Les autorités nippones ont finalement décidé de démanteler la centrale de Fukushima, alors que les taux de radioactivité s’envolent de manière alarmante.
Trois semaines de galère autour de la centrale de Fukushima pour finalement la démanteler. C’est ce qu’a décidé jeudi le Premier Ministre nippon, Naoto Kan, lors d’un entretien avec le chef du Parti Communiste japonais. Tepco, grand groupe de l’énergie et propriétaire de la centrale a estimé qu’il « était inévitable » de démembrer les quatre réacteurs endommagés après que les opérations de refroidissement soient terminées. L’affaire est donc loin d’être terminée.
Rejets radioactifs et conséquences environnementales
Le taux de radioactivité n’en finit plus de grimper aux abords des réacteurs. Dimanche, c’était une valeur 1850 fois supérieure à la normale qui était relevée. Le début de semaine avait laissé espérer une accalmie pour le peuple du soleil de levant, avant que les compteurs Geiger s’affolent de nouveau : le niveau radioactif est aujourd’hui 4385 fois au dessus des normes, à seulement trois cent mètres des premiers réacteurs. L’iode et le césium, principales substances radioactives, continuent de se déverser dans le Pacifique, sans conséquence à l’échelle mondiale, mais dommageable à long terme sur la vie marine au large des côtes japonaises.
Village irradié, mais pas d’inquiétude pour le gouvernement
«L’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) nous a informés que le niveau de radiation dans le sol dépassait les limites prévues par l’AIEA et nous a demandé de suivre de près la situation sur la base de ces informations», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano. Le périmètre initial, fixé à 20 kilomètres autour de Fukushima ne devrait pas être modifié alors qu’à quarante kilomètres des réacteurs ont été relevés des niveaux de radiation dangereux pour la santé. Denis Flory, chef du département de sûreté et sécurité nucléaire de l’AIEA a mentionné que « les premiers résultats indiquent que l’une des valeurs limites justifiant une évacuation, selon les recommandations de l’AIEA, a été dépassée dans le village d’Iitate ». Greenpeace a de fait demandé une extension de la zone d’évacuation de dix kilomètres.
Onagawa, nouveau Fukushima ?
Située à 150 kilomètres de la zone sinistrée de Fukushima, Onagawa a été frappée par une vague de près de quinze mètres de haut lors de la journée du 11 mars. Pratiquement rasée par le tsunami, 200 japonais ont du trouvé refuge au sein de la centrale. Malgré quelques dégâts sans gravité, un incendie rapidement maîtrisé et les déclarations rassurantes de la société exploitante, Tohoku Electric Power, les résidents temporaires ne se sentent pas à l’aise. Et pour cause, les réacteurs ne fonctionnent plus depuis le cataclysme. « La température du combustible est sous contrôle et le niveau des rayonnements est relativement bas » a tenté de rassurer l’entreprise. Pourtant, « relativement » n’exclue pas un danger, ressenti par les habitants de la région. « Si quelque chose arrive à la centrale nucléaire, il n'y aura aucun refuge possible. Nous allons quitter cette ville où nous n'avons plus rien qui nous retient" a ainsi déclaré Kouki Onosaki, dix-huit ans, qui a vu sa grand-mère et sa maison balayées par les eaux. Le porte-parole de la ville a promis d’étudier la sécurité de la centrale après s’être occupé du « soutien aux survivants et de la recherche de disparus ».
Théo Garcin