
Hier, le premier tour des cantonales a vu la percée du Front National avec 15% des intentions de vote ainsi que la victoire du PS sur l’UMP avec respectivement 25% et 17% des suffrages.
Avec un taux d’abstention record à 55,63%, ce premier tour n’aura pas mobilisé les Français. La faute au contexte international tourmenté ou au retour du beau temps, en tout état de cause les électeurs ne se sont pas déplacés pour venir élire leurs conseillers généraux, dont le statut est voué à disparaître dès 2014 au profit des conseillers territoriaux.
Après ces résultats, gauche et droite se renvoient désormais la balle appelant ou non à voter contre son propre camp en cas de duel avec le FN. Une situation qui doit ravir la candidate du parti nationaliste qui s’est félicité de la forte poussée du FN et d’avoir proposé « des solutions dans l’ensemble des domaines qui touchent aux Français et à leurs préoccupations ». Le spectre des élections présidentielles de 2002 où le second tour se jouait entre Chirac et Le Pen est encore dans tous les esprits. A droite, le son des clairons est discordant entre ceux appelant à voter pour un « front républicain » et ceux contre. De son côté, François Fillon a opté pour une discours neutre, invitant les Français à la responsabilité et à se mobiliser « loin des postures démagogiques ». Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Gérard Larcher ou encore Valérie Pécresse se sont démarqués de la ligne présidentielle et ont adopté un discours plus tranché en indiquant qu’en cas de duel PS-FN ils voteraient contre le FN en choisissant donc le candidat PS. Un positionnement inconcevable pour certains élus UMP, comme Jean-François Copé ou François Baroin. « Nous laissons nos électeurs libres de leur choix » a estimé le patron de l’UMP ajoutant qu’il ne souhaitait pas d’alliance avec l’extrême droite, mais ne préconisait pas non plus de front républicain « car c’est un vote pour le PS ». Un discours rejoint par le porte-parole du gouvernement qui a fustigé le front républicain. « Entendre les discours des ténors de gauche sur cette affaire est assez insupportable pour les gaullistes que nous sommes. Je rappelle que le Front national c’est un enfant de la gauche au pouvoir, un enfant de Mitterrand avec la mise en place de la proportionnelle », a-t-il lâché.
Cette attitude de la droite est jugée irresponsable par les élus du Parti socialiste. En effet, à gauche, c’est un tout autre son de cloche. Concernant le vote du second tour, la majorité des élus de gauche sont favorables à un front républicain. François Hollande, Benoit Hamon ou encore Pierre Moscovici ont convié les Français à utiliser le bulletin UMP en cas de duel UMP-FN. De son côté, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a appelé les Français à « amplifier leur vote » en faveur du PS, estimant que Nicolas Sarkozy était pour beaucoup dans la montée du FN. Renforcée par les scrutins, la chef du PS a invité les autres partis de gauche à la rejoindre en vue de créer une gauche solidaire. Invitation entendue par la secrétaire national des Verts, Cécile Duflot, et le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent.
Le deuxième tour des cantonales devraient surement rassembler plus d’électeurs…
L. M.