
Le pays du Soleil Levant pensait avoir vécu le pire, mais, malheureusement, il en va tout autrement. Ce matin, la centrale nucléaire de Fukushima a essuyé de nouvelles dégradations. L’enceinte de confinement du réacteur numéro 2 n’est plus étanche, alors que des brèches sont apparues sur le quatrième réacteur. Des « évènements dramatiques d’une ampleur considérable » selon Nicolas Sarkozy.
« La plus grande catastrophe qu’ait connu le Japon depuis la Seconde Guerre mondiale », selon Naoto Kan, le premier ministre japonais, ne cesse de s’aggraver. Dans tout le Japon, ce sont des scènes de désolation, des visages marqués, des familles brisées. Malgré la bienséance nippone, qui pousse chaque citoyen à s’introvertir, la douleur est palpable. Jour après jour, le même scénario semble se répéter inlassablement. Chaque nuit, les familles sont réveillées au son de la Terre qui tremble, étouffées par l’anxiété. Après le Tsunami et le séisme d’une magnitude jamais égalée, c’est au tour du nucléaire d’inquiéter le Japon. A Fukushima, à 225 kilomètres de la capitale, les accidents nucléaires se succèdent. Les réacteurs prennent feu les uns après les autres, menaçant le pays d’une catastrophe nucléaire. Dues à l’accumulation d’hydrogène, des explosions sont survenues dans les réacteurs 1 et 3 de la centrale. Les autorités se sont dépêchées d’évacuer la zone. Pas moins de 690 000 personnes ont été évacuées depuis trois jours, alors que certaines zones présentent un taux de radioactivité supérieur à la normale.
Retour sur les évènements :
Vendredi : Au large des côtes nord-est du Japon, un violent séisme de magnitude 8.9 se produit, suivi de nombreuses répliques et de vagues dont la crête frôle les 10 mètres, percutant la ville de Sendai. Le bilan des victimes est alors estimé à 1000 morts. L’alerte au Tsunami est donnée en Russie, en Indonésie, à Taïwan, aux Philippines, à Hawaï, et aux îles Mariannes et Kourile. Des incendies se déclarent à Tokyo et la production nucléaire est arrêtée. Aucun signe de fuite radioactive n’est décelé, mais le gouvernement annonce une urgence nucléaire. D’après les sismologues nippons, ce tremblement de terre est le plus important depuis 140 ans.
Samedi : L’inquiétude grandit autour de plusieurs centrales nucléaires. Le secrétaire général du gouvernement japonais confirme « qu'une explosion et une fuite radioactive s'étaient produites à la centrale de Daiichi », dans la préfecture de Fukushima. Une zone d’un périmètre de 20 kilomètres est évacuée autour de la centrale. L’aide se met en place à travers tout le pays, la presse locale annonce 1300 victimes.
Dimanche : "Je considère que la situation actuelle, avec le séisme, le tsunami et les centrales nucléaires, est d'une certaine manière la plus grave crise en 65 ans, depuis la Seconde Guerre mondiale" annonce la premier ministre japonais, Naoto Kan. Un deuxième réacteur fait craindre le pire, 215 000 personnes sont évacuées. Les américains craignent un nouveau Tchernobyl. Naoto Kan essuie les premières critiques, estimé trop impassible face au risque nucléaire. L’aide internationale se met en place : des pompiers des quatre coins de la France sont dépêchés sur place. 5.6 millions de foyers sont privés d’électricité.
Lundi : le réacteur 3 de la centrale de Fukushima explose alors que le réacteur 2 tombe en panne. Le gouvernement japonais estime qu’il n’y a pas de risque d’explosion sur le réacteur 2. Tepco, la première entreprise nippone du nucléaire injecte de l’eau de mer pour refroidir les réacteurs. L’estimation des dégâts est désormais relevée à 130 milliards d’euros. En Europe, les Bourses terminent majoritairement en baisse : Francfort recule de 1,58%, Paris de 1.29% et l’EuroStoxx de 1.03%. Le Dow Jones recule quant à lui de 0.43%. En Asie, l’économie résiste. Shangaï, Hong-Kong et Séoul finissent toutes en hausse. La gouvernance mondiale se veut rassurante quant à l’avenir du pays : Poutine estime qu’il n’y a pas de «catastrophe nucléaire globale » à envisager, tandis qu’Eric Besson admet que la situation est « préoccupante ». La magnitude du séisme est revue à la hausse et passe à 9.0 sur l’échelle de Richter. L’enceinte de confinement du réacteur 2 semble endommagée. Ces constatations sont suivies d’une explosion. L’irradiation se propage. Le cataclysme est évalué à un niveau de gravité égale à 6 sur 7, Tchernobyl étant évalué à 7.
Les évènements de Mardi : EN DIRECT
00h45 : Un taux de radioactivité supérieur à la normale est décelé dans la préfecture d’Ibakari, située entre Tokyo et Fukushima.
02h00 : Les Etats-Unis ont récolté 22 millions de dollars pour aider les sinistrés, auxquels viennent s’ajouter les dons des grosses firmes de la première puissance mondiale.
04h40 : L’incendie du réacteur 4 serait apparemment « éteint », selon Jiji, l’agence de presse japonaise.
05h05 : Tokyo détient maintenant un taux de radioactivité supérieur à la normale, mais sans incidence sur la santé humaine. 06h00 : Le bilan des victimes s’élève maintenant à 2 414 morts, 3 118 personnes disparues et 1 885 blessés.
07h00 : A la clôture de la Bourse de Tokyo, le nikkei s’enfonçait à 10.55%.
07h10 : « Les prévisions météorologiques indiquent que le vent est en train de tourner : Tokyo n’est pas menacée par les retombées radioactives», a annoncé l’ambassade française au Japon.
07h55 : Après avoir estimé que le Japon ne courait aucun danger grave, Eric Besson déclare que le Japon est « sur le chemin d’une catastrophe nucléaire ».
08h10 : La ministre japonaise de la Consommation incite ses concitoyens à stopper le stockage intensif de nourriture par crainte d’une aggravation de la crise nucléaire.
08h15 : Conséquence de l’incendie du réacteur 4, des substances radioactives sont libérées directement dans l’atmosphère. La Russie s’inquiète et se déclare prêt à évacuer les îles Kourile et Sakhaline en cas de propagation massive de particules nucléaires.
08h40 : Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, déclare que le risque nucléaire est « extrêmement élevé » au Japon. Le taux de radioactivité atteindrait le chiffre inquiétant de 400 millisieverts, mentionne l’AIEA, alors qu’une augmentation de risque de cancer est prévue à partir de 100 millisieverts.
08h50 : Une légère hausse de température a été relevée dans les réacteurs 5 et 6 de la centrale Fukushima 1, pourtant à l’arrêt lors du séisme.
09h05 : Selon les autorités officielles, le taux de radioactivité baisse aux alentours de la centrale nucléaire.
09h00 – 9h30 : La Bourse de Paris ouvre en très nette baisse, à -2.17%. A Francfort, c’est une chute de 2.55 qui est enregistrée. Hong-Kong perd 2.86% tandis que Shangaï baisse d’1.41%. 09h40 : La municipalité de Tokyo annonce que le taux de radioactivité à Tokyo est en passe de retourner à la normale.
09h50 : Nouveau coup dur : le combustible nucléaire usagé du réacteur 4 de Fukushima 1 serait en train de bouillonner.
10h10 : L’agence de Kyoto déclare que le taux de radioactivité est 10 fois plus important que la normale dans la région de Chiba, à proximité de la ville de Tokyo.
10h30 : Deux brèches de huit mètres sont apparues dans l’enceinte extérieure du réacteur 4.
11h20 : La Bourse des pays scandinaves enregistre une chute de 4%.
13h15 : L’agence de sûreté nucléaire n’a pas relevé le classement des incidents de la centrale nucléaire au niveau 6 : « Il n'y a pas de discussion ici sur un relèvement du classement de l'accident à la centrale de Fukushima » a déclaré un responsable.
14h00 : Nicolas Sarkozy a décrit la situation comme « dramatique, d’une ampleur considérable ».
14h15: Le nouveau bilan officiel des pertes humaines s'élève à 3 373 morts confirmés, 6 746 disparus et 1 897 blessés.
14h45: Un nouveau séisme de magnitude 6 , dont l'épicentre était situé à Shizuoka, à 120 kilomètres au sud-ouest de la capitale a frappé le Japon.
15h50 : Le patron de Radio France, Jean-Luc Hees, a décidé de rapatrier les journalistes et les techniciens de Radio France présents au Japon.
16h00 : L’incendie du réacteur 4 de la centrale de Fukushima 1 est susceptible "d'endommager la santé» des japonais, a indiqué Takeaki Matsumoto, le ministre des Affaires étrangères.
17h10: "L'explosion qui s'est produite dans le réacteur 2 de la centrale de Fukushima Daiichi a peut-être affecté l'intégrité de l'enceinte de confinement", a déclaré l'AIEA.
18h00: Pour Günther Oettinger, commissaire européen à l'énergie, les autorités locales ont quasiment perdu le contrôle de Fukushima. "On parle d'apocalypse et je crois que le mot est particulièrement bien choisi. Pratiquement tout est hors de controle et je n'exclus pas le pire dans les heures et les jours à venir" a-t-il ajouté.
19h40: Yuyika Amano, directeur de l'AIEA a admis une "possibilité de dégâts au coeur du deuxième réacteur de Fukushima, qui toucheraient moins de 5% du carburant".
21h00: Le nouveau bilan fait été de 3 373 morts, 7 558 disparus, 1 990 blessés et 544 717 personnes déplacées.
Théo Garcin