
Le tremblement de terre aura «un impact considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteurs», a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement japonais, Yukio Edano.
Dégâts et incidences
C’est dans le nord-est du pays que les effets du tremblement de terre et du tsunami combinés ont été les plus dévastateurs. Dans cette région représentant 8% du PIB nippon, les entreprises essentielles à la croissance du Japon, à l’instar de Toyota, Nissan ou Suzuki se sont vues contraintes de fermer leurs sites industriels. C’est ici qu’étaient installées les principales usines de productions des véhicules, ravagées par le passage de l’eau. Entraînant la paralysie des équipementiers et l’arrêt des chaînes de production, l’impact a été immédiat : Toyota et Nissan, deux monstres de l’économie nippone ont lourdement chuté sur le marché financier, affichant respectivement des baisses du cours de leurs actions de 10.43% et 10.77%. Le coût du séisme pour les assurances est estimé à 36.4 milliards de dollars, selon le spécialiste du risque AIR WorldWide. De plus, onze des cinquante réacteurs nucléaires ont été arrêtés, le gouvernement souhaitant procéder à des coupures d’électricité rotatives au sein du pays, pour éviter un « black-out ». Dans la région de Kanto représentant 40% du PIB), où la ville de Tokyo est située, la situation alarme les investisseurs. Ces évènements couplés à l’incendie de la raffinerie à Ichihara, le cours du pétrole était affiché à la baisse en Asie(passant sous la barre des 100 dollars) pour la journée de lundi. A la clôture de la première séance de la Bourse de Tokyo ce matin, l’indice nikkei a plongé de 6.18%.
Un espoir de reconstruction économique rapide
Kobé, en 1995, frappe le Japon : 6.500 morts, 40.000 blessés et des dégâts évalués à plus de cent milliards d’euros. Malgré l’importance des pertes, la reconstruction pourrait entraîner un surcroît d’activité : « Après le tremblement de terre de 1995, le PIB japonais a crû de 1,9% en 1995, puis de 2,6% en 1996, alors que la croissance moyenne de l'économie nippone sur cette période était de 1,5%. La consommation a progressé de 2,2% entre 1995 et 1996 contre 1,1% en moyenne entre 1995 et 2004» a expliqué Takuji Okubo, économiste à la Société Générale. De semblables évolutions seraient à prévoir dans les années à venir, selon l’économiste. Le secteur du bâtiment, de la télécommunication et de la sidérurgie devraient voir leur activité boostée lors de la phase de réhabilitation. De même, plus de quinze ans auparavant, l’Etat était intervenu pour donner un coup de pouce à l’économie nationale : «Immédiatement après le séisme, le gouvernement a voté un budget d'urgence qui a contribué pour 0,3 point à la croissance du PIB au deuxième trimestre 1995 et pour 0,5 point au troisième trimestre. Nous anticipons une réponse similaire de la part des autorités» a précisé Peter Westaway, économiste chez Nomura (banque japonaise). La réponse a été immédiate : pour stabiliser les marchés, la Banque du Japon a injecté près de 132 milliards d’euros dans treize banques situées en régions sinistrées. Une situation qui n’est pas prêt d’améliorer la situation financière du Japon, dont la dette ressort à 220% du PIB. Une dette qui n’était pas aussi importante à l’époque de Kobé, laissant de fait une marge de manœuvre extrêmement réduite au gouvernement. Comme pour confirmer ces tristes prévisions, l'agence de notation Standard and Poors a déjà abaissé la note de la dette japonaise, estimant que le déficit budgétaire du pays restera élevé dans les prochaines années.
Théo Garcin