
Nicolas Sarkozy s’est positionné à Bruxelles comme le leader de l’opposition occidentale contre les pro-Kadhafi. Une prise de position qui ne fait pas que des émules au sein de l’Union Européenne.
Sarkozy est bien décidé à prendre les devants sur la scène politique libyenne. En cas d’utilisation d’armes chimiques, les gouvernements français et britanniques sont prêts à bombarder le pays. Pour se débarrasser du tyran, les deux chefs d’Etat se disent prêts à toute éventualité. « Je pense qu'il est important que les pays européens fassent preuve de volonté politique, d'ambition et d'unité pour dire clairement que le colonel Kadhafi doit partir, que son régime est illégitime, que ce qu'il fait à son peuple est totalement inacceptable", a souligné le Premier Ministre Britannique. Des initiatives qui sont loin de faire l’unanimité au sein de l’Union Européenne. "Je pense que les Européens seraient bien avisés de prendre les décisions qu'ils ont à prendre lors de la réunion (des dirigeants des pays européens) et pas un jour avant" a même déclaré le Premier Ministre luxembourgeois. Mais Nicolas Sarkozy ne serait pas lui-même sans cette opiniâtreté qui le caractérise si bien. Loin de courber l’échine devant la prudence préconisée par l'Allemagne, le Luxembourg et la Belgique, il a même demandé à l’UE de reconnaître le Conseil National de Transition libyen comme le seul « représentant légitime ». Concernant la France, le Président a décidé de faire du CNT son unique interlocuteur libyen. Une décision loin de plaire à Mouammar Kadhafi, qui menace en retour de révéler, via une agence officielle, « un grave secret qui va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale ».
Le clan Kadhafi à la reconquête du territoire
Les insurgés libyens, si fiers il y a à peine deux semaines, sont maintenant obligés de se replier. A grand coup d’obus, Kadhafi impose sa loi. « Nous sommes vaincus. Ils bombardent et nous fuyons. Cela signifie qu'ils sont en train de reprendre Ras Lanouf » s’est désolé un manifestant. Cette base avancée des rebelles, située dans l’est du pays, aura vu la journée s’achever dans un bain de sang. «Cette ville stratégique pétrolière a été "purgée" des insurgés » a annoncé la télévision de l’Etat. Sous les roquettes et le pilonnage intensif des avions, 35 libyens ont perdu la vie. Un scénario qui pourrait bien se répéter à Benzhagi, prochaine cible du clan Kadhafi. Dans la journée de jeudi, Seif al Islam, un fils du dirigeant libyen a annoncé que la victoire était « en vue ». Les villes insurgées s’écroulent les unes après les autres : Ben Jawad « nettoyée », selon les mots d’un officiel libyen, Zahiwa sous le contrôle des forces armées. A 150 km de la capitale, Misrata continue de résister. Mais il ne s’agit que d’une question de temps. A l’heure actuelle, plus de 250 000 citoyens ont fui leur pays, se tournant vers leurs voisins (Tunisie, Algérie, Niger).
Théo Garcin