
Dans une allocution télévisée, Nicolas Sarkozy a annoncé le remaniement de son gouvernement, sur fond de crise internationale géopolitique. "C'est mon devoir de prendre les décisions qui s'imposent quand les conditions l'exigent", a justifié le Président de la République. Alain Juppé prend la place de Michèle Alliot-Marie au ministère des affaires étrangères, Claude Guéant celle de Brice Hortefeux au ministère de l'intérieur et Gérard Longuet sera en charge de la défense.
Crise géopolitique. En débarquant sa ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, le président veut donner un signal fort aux Français. Après les différents faux-pas de la diplomatie française (vol en jet privé de MAM, photo de Boris Boillon...), Nicolas Sarkozy cherche vraisemblablement à rassurer la population face aux incertitudes et aux inquiétudes liées aux révoltes arabes. "Une ère nouvelle s’ouvre dans nos relations avec ces pays dont nous sommes si proches", a déclaré Nicolas Sarkozy, ajoutant qu'il s'agissait "d’un changement historique" dont "nous ne devons pas avoir peur". Dans un discours résolument protectionniste, le Président a mis en garde contre les conséquences que pourraient engendrer des dictatures "encore pires que les précédentes", évoquant "des flux migratoires, devenus incontrôlables, et le terrorisme". Concédant que "tous les gouvernements ont entretenu des relations économiques, diplomatiques et politiques avec ces régimes", Nicolas Sarkozy a justifié cette situation par le caractère de "rempart" que pouvaient avoir ces régimes "face à l’extrémisme religieux".
Un remaniement critiqué. Les critiques ne se sont évidemment pas faites attendre suite à la déclaration du président. "Ce remaniement est un aveu d'échec", selon Laurent Fabius, qui ajoute que "au-delà de ces démissions, la question est de savoir quelle va être la politique étrangère du gouvernement, permettant d'aller de l'avant". "Aucune indication n'a été donnée par le Président", a-t-il regretté. Le porte-parole du Parti Socialiste, Benoit Hamon, a estimé que face à un tel fiasco de la diplomatie française "une démission c'est bien peu". Critiques également du côté de l'extrême droite, avec Marine Le Pen qui a jugé inquiétant ces nominations "on remet les mêmes, ceux qui n'ont pas su réguler l'immigration".
Lucie Morlot.