
« 2010, une excellente année » titre le groupe PPR. Un euphémisme puisque la firme a atteint des chiffres records. Néanmoins, des zones d’ombre subsistent quant aux chiffres et stratégies de la firme.
2010 sera décidément une année florissante pour les grandes entreprises du CAC 40, et PPR ne fait pas exception, avec un chiffre d’affaires bondissant de 7.5% à 14,6 Milliards d’euros. « C’était une excellente année marquée par une forte accélération au second semestre. Chacune des marques et enseignes du groupe a amélioré son activité » a commenté François-Henri Pinault, PDG de PPR. De même, le résultat opérationnel explose à 24%, entraînant une marge opérationnelle jamais atteinte à 10,5%. Les marques de luxe (Gucci, Yves-Saint-Laurent, Balenciaga…), représentant un peu moins d’un quart du chiffre d’affaires total, réalisent une année historique avec un chiffre d’affaires en hausse de 12.2% et un résultat opérationnel courant boosté de 29.7%. A l’instar de ces prestigieuses enseignes, les autres domaines (lifestyle, sport) ont également enregistré des résultats impressionnants (la Fnac avec une croissance du chiffre d’affaires internet en hausse de 19%, Redcats avec une variation sur l’année du résultat opérationnel courant de +44%, ou encore Puma à +15.3% au dernier trimestre. Toutefois, Boucheron (joaillerie) aura fait figure en 2010 du seul mauvais élève avec un chiffre d’affaires en baisse, que les dirigeants se sont refuser à communiquer . En termes de perspectives, 2011 tablera sur une transformation stratégique de la société vers un groupe axé vers l’Habillement et les Accessoires « à l’aide d’un fort potentiel de croissance bénéficiant de marges élevées ». « PPR devient architecte et maître d’œuvre des synergies » a déclaré le patron. Ce plan de développement devrait assurer à l’entreprise, selon François-Henri Pinault «la capacité de maintenir en 2011 une croissance soutenue de son chiffre d’affaires et à réaliser des performances supérieures à celles de 2010 ».
Des non-dits
Lorsque Jean-François Palus, directeur financier de PPR prend la parole, le ton est donné. D’une voix monocorde, il s’attache à transmettre uniquement les informations mélioratives pour l’entreprise. Le message est clair : seuls les chiffres du communiqué seront transmis. Ainsi, lors du traditionnel jeu des Questions-Réponses, l’assemblée se verra insatisfaite et frustrée. Même si le PDG s’essaie à quelques traits d’humour aux dépends des journalistes, provoquant malgré tout l’hilarité générale, bien peu de questions trouveront leurs réponses. « Si je ne vous en ai pas parlé lors de la présentation, soyez sûrs que je ne vous en dirai pas plus ». Seront ainsi éludés les guidances 2011, les résultats en baisse de certaines filiales, ou encore les projets de croissance externe. François Henri Pinault assume toutefois parfaitement cette politique de l’autruche en finissant sur ces mots, après une question restée sans réponse : « Je crois qu’il n’y aura plus de questions, nous nous reverrons donc en juin ».
Théo Garcin