
Carlos Ghosn, président du groupe Renault, a présenté des bons résultats 2010 avec un chiffre d’affaires de 38.9 milliards d’euros en hausse de 15.6% par rapport à 2009. Le groupe ayant connu une année 2009 difficile, avec une perte de 3.12 milliards d’euros, il revient dans le vert et revoit donc ses ambitions pour les années à venir.
Le groupe affiche des résultats en nette amélioration. Portée par une forte dynamique de croissance des trois marques du groupe (Renault, Nissan et AB Volvo), la marge opérationnelle progresse de 1.2 milliard d’euros grâce notamment à une plus-value de 2 milliards d’euros suite à la cession en octobre 2010 des actions détenues par Volvo (Renault ne détenant plus que 6.8% du groupe). S’ajoute à cela une forte réduction de la dette nette passant de 5.9 milliards d’euros en 2009 à 1.4 milliard d’euros en 2010 avec un free cash flow opérationnel positif à 1.6 milliard d’euros. De plus, l’année 2010 a été record avec plus de 2.6 millions de voitures vendues. Au-delà des attentes 2010, Renault « a démontré sa capacité à saisir les opportunités de croissance, tout en renforçant sa structure de bilan » a affirmé Carlos Ghosn.
Intitulé Drive the Change (Piloter le mouvement), le nouveau plan stratégique qui s’étend jusqu'à 2016 prévoit « des volumes de ventes et un chiffre d’affaires supérieurs à 2010 » basé sur deux objectifs clés : assurer la croissance du groupe notamment au Brésil, en Inde, en Russie et en Afrique du Nord (construction d’une usine à Tanger) et de générer du cash flow libre de manière continue. Pour l’Europe, la tâche s’annonce plus ardue suite aux baisses des ventes, causées par la suppression des primes à la casse dans les différents pays et la surproduction de véhicules. Le groupe compte donc sur un renouvellement et un élargissement des différentes gammes. A plus court terme, c'est-à-dire pour 2013, Renault compte vendre plus de 3 millions de véhicules et dégager un cash flow libre cumulé d'au moins 2 milliards d'euros. Pour s’assurer de la réussite du plan stratégique, Renault prévoit un plan de réduction des coûts sur 3 ans de 12 %. Le groupe table aussi sur une SYNERGIE de coûts et compte par ailleurs réduire le poste Recherche et Développement à un peu moins de 9% du chiffre.
Forte d’une confiance retrouvée, la marque au Losange dispose d’une « base solide pour le lancement de notre nouveau plan stratégique » selon le président. Celui-ci a de grandes ambitions et voit déjà le groupe en haut de l’affiche avec le lancement d’une gamme de voitures électriques l’année prochaine. Convaincu que cette innovation sera LA future manne financière du groupe, Carlos Ghosn présente des chiffres alléchants afin de justifier ce coup marketing : « on prévoit 1.5 million de véhicules électriques en circulation d’ici à 2016 avec une production de 500 000 véhicules par an dès 2015 ». Intitulée Gamme Z.E., le succès de cette série laisse perplexe. Carlos Ghosn s’est montré convaincant d’un point de vue technique mais l’on reste sceptique vu les contraintes de ces nouvelles voitures (manque d’infrastructures, faible autonomie et changement d’habitude des consommateurs) Pas du point de vue technique mais plutôt en terme d’accueil chez les différents clients imposant de nouvelles contraintes ainsi qu’au niveau de l’adaptation des infrastructures. En revanche, on reste plus convaincu par sa gamme low-cost, étoffée de deux nouveaux modèles d’ici 2012, qui sera fortement mise en avant dans les pays cibles de la marque (Brésil, Russie, Inde et Afrique du Nord) et qui devrait représenter 30% des ventes du groupe selon la direction.
A la bourse de Paris le titre a été malmené toute la journée faisant partie des plus forte baisse à la cote, le titre termine avec un repli de 2.76%. Le groupe était, en effet, sanctionné par le marché estimant que les perspectives trop lointaines et le plan stratégique pas assez ambitieux. Rappelons que Renault avait lancé un plan « Contrat 2009 » en 2006 supérieur à celui-ci.
Rainald Rocca