Le 1er février à Singapour, Dominique Strauss Kahn tire la sonnette d’alarme sur les déséquilibres de la croissance mondiale. Christine Lagarde s’est empressée de réagir en taclant le patron du FMI.
DSK s’inquiète de l’avenir de l’économie mondiale
Lors d’une conférence à Singapour le 1er février sur « le rôle de l’Asie et le climat général de l’économie mondiale », le dirigeant du Fonds Monétaire International (FMI) s’est indigné des déséquilibres de la croissance mondiale. « Je vois deux déséquilibres dangereux » a-t-il indiqué. Selon lui, les pays émergents frôlent la surchauffe alors que la croissance des pays développés n’est pas à la hauteur de ce qu’elle devrait être. Ensuite, les inégalités de revenus s’élargissent quotidiennement tandis que le taux de chômage gagne en proportion. L’avenir semble peu radieux pour les jeunes de notre planète : « nous sommes face à la perspective d'une génération perdue de jeunes, destinée à souffrir toute leur vie d'une détérioration des conditions sociales et du chômage » a-t-il commenté.
Le protectionnisme pointé du doigt
Autre problème majeur mis en exergue, la politique commerciale des grandes puissances économiques. La Chine, par exemple, reste convaincue que rien ne vaut une exportation internationale massive, tandis quel es Etats-Unis restent confinés à des échanges intérieurs. S’appuyant sur les événements géopolitiques actuels, Dominique Strauss-Kahn craint que « le protectionnisme commercial et financier puisse s’aggraver » entraînant de fait une « instabilité sociale et politique croissante entre les nations, et même la guerre ». La mise en garde contre la tentation du « protectionnisme financier » fait figure de modèle à suivre pour le G20, qui cherche à trouver la meilleure solution pour limiter la libre circulation des capitaux. Par là, DSK cherche à protéger les institutions financières étrangères. Un désir qui dépasserait le cadre de ses fonctions, puisque Christine Lagarde avait annoncé à l’occasion du lancement de l’institut pour l’innovation et la compétitivité qu’il faudrait créer un nouvel « organisme approprié » propre à trier entre mesures légitimes et protectionnistes.
« Crier au loup n’est pas spécialement utile »
Dans une interview accordée à Jean-Michel Apathie au micro d’RTL, la Ministre temporise l’intervention du patron du FMI, en déclarant qu’il avait eu « une petite alerte ». Même si cette déclaration s’avère réductrice aux premiers abords, Christine Lagarde modère ses propos : « Non, il ne s’affole pas du tout, il fait son métier de directeur général du Fonds Monétaire International ». Mais lorsqu’Apathie lui demande si son constat sur le futur s’avère également pessimiste, la Ministre de l’Economie ne peut s’empêcher de glisser une pique à son confrère : « je comprends qu'il soit soucieux. On ne l'a pas entendu à Davos parce qu'il n'est pas venu à Davos ; alors maintenant, on l'entend à Singapour, mais... ». Une pique bien venue dans le contexte des préparations à la présidentielle. La volonté de rassurer le peuple français ne cache-t-elle pas une motivation peut-être plus personnelle ? Donné à 64% vainqueur des élections présidentielles s’il venait à se présenter, il y a à peine quelques mois, ses récentes déclarations lui valent un revers de fortune : sa cote de popularité enregistre une baisse de sept points par rapport au mois de décembre. Sa décision de s’affranchir du passé, afin de former un Nouvel FMI où la population asiatique aura son mot à dire risque d’en faire jaser beaucoup…
Théo Garcin