
La banque d’affaires américaine a décidé de tripler le salaire du PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, alors que les résultats du groupe sont loin d’être ceux attendus.
« C'est le summum de l'irresponsabilité » s’était énervé Barack Obama début 2009, à propos des bonus de Wall Street. Une déclaration qui a eu un effet éphémère sur le monde financier américain. Après avoir fait profil bas pendant un an, les banques reprennent goût aux salaires et bonus exorbitants. Dernier exemple en date, Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs. Son salaire annuel triple de 600 000 à 2 millions de dollars (1.74 millions d’euros). Mais le président n’est pas le seul récompensé puisque quatre cadres dirigeants bénéficient du même traitement de faveur. Gary Cohn, David Viniar, Michael Evans et John Weinberg sont les quatre heureux élus d’un ticket gagnant d’1.85 million de dollars chacun par an.
Une hausse des salaires déplacée dans un contexte morose pour la banque américaine. Fin 2010, Goldman Sachs enregistre un bénéfice en recul de 37% ainsi qu’un chiffre d’affaires diminué de 13%. Et comme si ça ne suffisait pas, Blankfein se permet d’accepter un bonus de 12.6 millions de dollars. Une somme qui peut paraître astronomique pour le commun des mortels, mais bien loin des sommes qui lui étaient allouées avant la crise économique de 2009. Il empochait alors 68.5 millions de dollars en bonus, ainsi que 9 millions de stock options. Ces avantages perçus par le PDG avaient provoqué une vague d’indignation sur le sol américain mais la leçon ne semble pas avoir été comprise.
Pour dédiaboliser l’homme d’affaires, le New York Times explique que les « législateurs poussent les établissements financiers à diminuer les bonus et augmenter les salaires ». A l’origine de cette mesure : les traders, qui percevaient encore en 2009 des bonus démesurés. Ces primes leur auraient fait perdre le sens des réalités, et les auraient poussés à prendre des risques inconsidérés sur les marchés financiers, précipitant la crise économique. En France, la décision de taxer les bonus « quel que soit leur mode de distribution et quel que soit le calendrier de distribution », selon Christine Lagarde, avait commencé à voir le jour dans les esprits. Aux Etats Unis, il n’en est pourtant pas question. Même si Barack Obama s’était dit être prêt à taxer plus de 50 banques, l’idée a été rapidement avortée. Un laxisme pointé du doigt, vivement critiqué par la population américaine. En décembre 2010, Goldman Sachs avait fait l’effort de déclarer mettre en place un "plan d’incitation financière à long terme en vertu duquel des récompenses fondées sur les résultats à long terme pourront être accordées de temps en temps à des employés clefs". Reste à savoir si le fait d’avoir enregistré des baisses du chiffre d’affaire font du Président Directeur Général un employé modèle...
Theo Garcin.