Olivier Eluere, économiste Immobilier du Crédit Agricole, prévoit une stabilisation du marché immobilier sur 2011 avec des hausses modérées des prix.
Boursereflex : L’année 2011 s’annonce plutôt morose avec une hausse du chomage et un moral des ménages en berne. Quel est votre sentiment pour l’année à venir ?
Olivier Eluere : Il est vrai que la confiance des ménages est assez mauvaise. Néanmoins la consommation reste honorable. Sur l’année 2010, cette dernière a connu un niveau encore très élevée à une hausse annuelle de 1,6%.
Boursereflex : Ce contexte va-t-il avoir un impact sur le marché immobilier ?
Olivier Eluere : Si impact il y a, celui-ci sera plutôt positif. En effet, les hausses salariales sont modérées et l’emploi connait une croissance graduelle et lente, toutefois l’épargne reste élevée. L’année 2010 a été synonyme d’une reprise du marché immobilier. Les ventes ont redémarré en 2009 et se sont accélérées en 2010. Du côté des prix, même schéma. Ceux-ci étaient stables en 2009 et se sont accrus sur 2010. Les taux d’intérêt, qui étaient à des plus bas historiques, ont cessé de baisser. Une remontée des taux, comme on peut le constater actuellement, n’aura pas d’impact pour l’instant sur le marché immobilier. Ceux-ci restent encore à des niveaux très bas.
Boursereflex : L’immobilier va-t-il connaitre ce même engouement sur 2011 ?
Olivier Eluere : Après le boom immobilier que nous avons connu de 1997 à 2007, nous aurions du avoir une correction des marchés d’au moins 3 ans. Or cette correction n’a eu lieu que durant un an et à partir de 2009 nous avons assisté à une reprise du marché. Il n’y a pas eu la baisse des prix que nous aurions du avoir dans un cycle économique normal. Le marché n’est donc pas assaini.
Boursereflex : Pourquoi cette correction n’a pas eu lieu ?
Olivier Eluere : C’est à cause de l’effet « valeur refuge » de l’immobilier qui a été très puissant. Dans un contexte économique incertain, les investisseurs se sont rués vers cet actif rassurant et rentable comparé aux actions.
Boursereflex : La nouvelle loi fiscale qui prévoit un durcissement des avantages fiscaux, comme sur la loi Scellier ou les plus-values immobilières, va-t-elle influer sur cette tendance haussière du marché immobilier ?
Olivier Eluere : A priori non, car il s’agit d’un durcissement certes mais qui reste modéré. L’avantage sur la loi Scellier est moins intéressant, néanmoins cela reste un produit encore attractif, même avec le rabot fiscal de 10%. En revanche, si plusieurs éléments sont réunis, la donne pourrait changer. En effet, si la fiscalité est moins attractive, si le taux de crédit remonte fortement et que l’effet valeur refuge diminue face à une amélioration des performances des actions, la demande pourrait dans ce cas être plus exigeante et moins frénétique. Cela entrainerait une stabilisation de la demande et de l’offre. Il y a aujourd’hui une surévaluation du marché immobilier de 10 à 15%. Toutefois, je ne crois pas à une chute du marché immobilier car il n’y a pas de raison que la demande baisse fortement. Je table plus sur un scénario où le marché va se stabiliser. Nous devrions assister en effet à une accalmie sur 2011 avec un marché plus équilibré et des hausses de prix plus modérées. Le marché immobilier va connaitre un atterrissage en douceur, à l’instar de fin 2007- début 2008.
L.M.