D’après le sondage mené par BVA en collaboration avec le réseau Gallup International, la France est le pays le moins confiant en l’avenir. 61% de nos compatriotes estimeraient que l’année 2011 sera difficile d’un point de vue économique, contre seulement 3% qui y voient une promesse de prospérité.
« Comment voulez vous être heureux ? » martèle Patrick Bauche, psychanalyste et auteur de Les héros sont fatigués. « L’année 2010 s’est terminée sur une mauvaise période en terme de conjoncture économique. Du coup, les français adoptent un mécanisme de protection. Ils se sentent menacés, n’investissent pas, par peur de se retrouver sur la paille quelques temps après » explique-t-il. Et de fait, la France se retrouve dans le top 5 des nations pessimistes, derrière des pays aux situations pourtant chaotiques comme l’Afghanistan ou même l’Irak. Une humeur maussade bondissante de 10 points, contre un point de baisse au niveau mondial. Concernant leur situation personnelle, c’est le même constat, avec 13 points de baisse enregistrés, soit près de 30% de moins que dans le reste du Monde.
Selon Patrick Bauche, cette situation est avant tout due à un sentiment d’abandon. En l’espace de quelques années, les français sont passés de l’illusion à la déception, au prix de nombreux changements douloureux. Une douleur ressentie par l’ensemble de la nation, presque violente : « Les français sont perpétuellement confronté à un déni d’existence, ils ne sont ni entendus, ni écoutés. Nous sommes actuellement ancrés dans un système de lobbying, qui exerce une forte pression sur la population. Les employés doutent de leurs capacités de travail, et s’infligent un stress constant, symptôme présent en majorité chez les cadres ». Un lien économique et social qui n’augure rien de bon pour le moral des ménages. Pour le psychanalyste écrivain, redonner le sourire à nos concitoyens est un problème simple à résoudre : « Il faut un changement radical pour que tout aille mieux. Si la conjoncture socio-économique remonte, alors le moral aussi. Il suffit de redonner l’estime de soi au peuple. »
Pour Nadège, infographiste et jeune mère de famille, l’année précédente n’a pas été facile à gérer, entre les dépenses pour son enfant et son congé maternité. Selon elle, il n’y a aucune bonne nouvelle à espérer de l’année 2011 : « Je vous donne le scénario : les prix vont augmenter, on va avoir de plus en plus de mal pour boucler les fins de mois. »
Un sentiment partagé par Leticia, 31 ans, chômeuse et mère de deux enfants : « Ca ne sera ni pire, ni mieux que 2010. Il faudrait déjà qu’on puisse commencer par trouver du travail. On fera comme d’habitude, s’orienter vers le recyclage et l’occasion, trouver les bons plans. Mais pas de quoi dramatiser, on n’est pas non plus en pleine faillite » tempère t elle.
Pourtant, sur le plan du travail, les français semblent avoir retrouvé l’espoir, avec 15% de sondés de moins que l’année dernière pensant que le chômage va subir une forte augmentation. Pareillement, 59% des personnes interrogées pensent que leur emploi actuel est sûr, traduisant une sérénité relative au sein de leurs sociétés.
Ainsi, même si les défaitistes sont innombrables, quelques irréductibles trouvent encore la force d’espérer : « Peu importe l’état du porte-monnaie, le bonheur ne s’arrête pas à l’argent, que je sache », conclut Gabriel.
Théo Garcin