
Pour Marc Fiorentino, président d'Euroland Finance, le consensus actuel sur les marchés actions est trop important et risque de connaitre un retournement de forte ampleur. L'économiste fait même une comparaison avec 2007, année où les marchés se sont écroulés suite aux subprimes... Alors, suivre ou ne pas suivre le consensus? Telle est la question pour les investisseurs en ce début d'année...
Boursereflex : Etes-vous aussi pessimiste que l’ensemble des Français si l’on en croit les enquêtes d’opinion sur les perspectives 2011 ?
Marc Fiorentino : Je pense qu’il y a un excès de pessimisme en France et que la situation en 2011 devrait être meilleure que prévue. Il y a une différence entre ce que les Français disent et la façon dont ils se comportent. La consommation devrait rester soutenue voire s’inscrire en hausse. Il y a de plus un effet psychologique richesse de l’immobilier qui est important. Même si certains voient d’un mauvais œil la hausse de l’immobilier, il faut tout de même noter que 60% de Français sont propriétaires d’une résidence principale. On peut comparer les français aux entreprises, dans la mesure où ils ont réduit leur coût, leur endettement et ont augmenté leur trésorerie. Les ménages français sont donc dans une situation qui est plutôt bonne.
Boursereflex : La hausse du marché va t-elle se poursuivre sur 2011 ?
Marc Fiorentino : L’immobilier vu comme arme de capitalisation pour la retraite ne devrait plus avoir lieu en 2011. En effet, il y a eu une ruée des ménages vers l’immobilier car ils ont considéré que la retraite par répartition avait des chances d’exploser et se sont donc tournés vers la retraite par capitalisation. Cet élément a été le principal moteur de la hausse du marché immobilier sur l’année 2010.
Boursereflex : Le Cac connait une belle progression depuis le début de l’année (+3.35% depuis 1er janvier). Est-ce selon vous le signe d’un véritable retour des investisseurs sur les marchés actions ?
Marc Fiorentino : Je me suis toujours méfié des consensus. Aujourd’hui, on constate en effet un fort consensus haussier, qui table sur une croissance de 15% des marchés actions en 2011. Je préfère me mettre en dehors de ce mouvement, quitte à rater les 10% de hausse du mois de janvier. Il y a trop d’éléments d’incertitude pouvant tout faire déraper du jour au lendemain. Du coup, je garde une poche de cash importante et j’investis dans les valeurs décotées, hors bancaires, essentiellement dans les valeurs défensives.
Boursereflex : Quid des pays émergents ?
Marc Fiorentino : Je ne suis pas du tout haussier sur les pays émergents. Je pense que nous sommes en train de créer des bulles. On a pu voir notamment que la Chine était le seul marché à avoir baissé en 2010. Je table également sur une forte baisse des marchés indien et brésilien.
Boursereflex : L’or et le pétrole ont eu le vent en poupe en 2010, flirtant avec des plus historiques. Quelles sont vos perspectives pour 2011 ?
Marc Fiorentino : Ce sont deux produits sur lesquels je ne préfère pas intervenir. On devrait avoir une croissance du prix du pétrole autour de 100 dollars. Il se peut que le prix fluctue aux alentours de ce niveau durant quelques temps, sauf reprise économique très forte. Concernant l’or, il y a un important consensus à la hausse. Beaucoup d’éléments militent pour une progression, mais il me semble que nous avons déjà atteint des niveaux très hauts.
Boursereflex : Vous semblez être négatifs sur quasi tous les marchés au final ?
Marc Fiorentino : Je suis un contrariant par nature. Je n’aime pas les consensus. Je pense qu’il y a trop d’éléments d’incertitude. L’Espagne ne va pas être sauvée par la Chine. Cette dernière est en surchauffe, tout comme le Brésil et l’Inde. Sans parler des Etats-Unis qui se préparent à connaitre une crise obligataire majeure. Nous avons vraiment 4 épées de Damoclès sur NOS têtes. Elles ne tomberont peut être pas, mais ce n’est pas un ENVIRONNEMENT favorable à l’investissement de mon point de vue. Le consensus actuel est tout à fait similaire à celui que nous avons connu en 2007, année des subprimes… Aujourd’hui il me semble que les investisseurs cherchent à engranger sur le mois de janvier la performance escomptée de l’année, avant de se mettre à l’abri à partir du mois de mars. C’est peut être une bonne stratégie mais ce n’est pas la mienne.
Lucie Morlot.