
Michaël Sellam, gérant d’Iris Finance, nous dévoile les grands gagnants de 2010 ainsi que les lanternes rouges de la Bourse de Paris.
- Tops :
Les valeurs sur lesquelles il fallait investir en 2010 sont LVMH (+63%), PPR (47%) et Technip (45%) pour le CAC 40 ou encore Arkema (100%), Zodiac (99%) et Safran (98%) pour le SBF 120. Concernant les valeurs du CAC, il s’agit de valeurs ayant joué la croissance dans les pays émergents et le redressement du secteur du luxe à l’international. Ces valeurs ont des ratios de capitalisation défiant tout historique. En effet LVMH a une valorisation de 40 à 50 fois ses résultats. Technip a pour sa part profité de la forte remontée du prix du baril de pétrole en 2010. Aujourd’hui, la tendance semble s’inverser dans les pays émergents. En effet, les taux de réserve imposés aux banques par la Banque centrale chinoise sont en progression, dans une volonté de réduire les crédits et la croissance économique. Parallèlement, les autorités chinoises font tout pour que la croissance ne dépende plus que de la demande extérieure, et c’est ce que l’on a pu voir avec les derniers relèvements de salaires de 20%. Les valeurs du luxe pourraient donc pâtir de la volonté des autorités chinoises de réduire la croissance.
En revanche, pour Technip, il convient d’être plus mitigé, dans la mesure où le pétrole est déjà à un niveau très élevé (autour de 100 dollars) et les investissements dans l’industrie automobile tendent vers une réduction de la consommation d’essence. Cela pourrait donc conduire à une baisse de la demande et du prix du baril aux alentours de 70-80 dollars en 2011.
- Flops :
Les valeurs qui ont sous-performé cette année sont Alstom (-24%), EDF (-22%), Axa (-20%), Crédit Agricole (-17%) et Lafarge (-14%). On peut remarquer qu’il y a deux bancaires, ce qui montre bien que nous ne sommes pas sortis de l’ornière dans le domaine financier. Pour le Crédit Agricole, il y a la question de savoir si la banque pourra satisfaire aux conditions de Bâle III sans avoir à augmenter son capital. Pour Axa il y a deux incertitudes. En tant qu’assureur, la banque peut être très pénalisée par les mesures fiscales en matière d’assurance-vie. Et d’autre part, il y a l’incertitude sur ses positions en emprunts d’Etat. D’un point de vue global, il reste des risques sur les valeurs bancaires dont on ne parle pas ou peu et dont on ne connaît pas l’ampleur. Par exemple, BNP Paribas vient de suspendre deux fonds. Nous sommes en droit de nous poser des questions sur cette suspension. Par ailleurs, les banques se sont massivement tournées vers l’immobilier ces dernières années et ont beaucoup prêté. Si les taux d’emprunt venaient à augmenter de façon importante cela pourrait entraîner une crise de l’immobilier, dont pâtirait le secteur bancaire. Enfin, il y a aussi la question des dettes souveraines qui pèsent sur les banques. Par exemple, l’Italie a coûté 1,20 milliard d’euros au Crédit Agricole en terme de dépréciation d’actifs.
Alstom, pour sa part, a perdu du terrain du point de vue de son carnet de commandes. Le dynamisme d’Alstom inquiète face à la concurrence chinoise qui est de plus en plus importante. Il est probable que l’année 2011 soit encore difficile pour Alstom. Concernant Lafarge, la société paie son manque d’investissement dans les pays émergents contrairement à son concurrent Saint Gobain. Enfin pour EDF, il faut noter que leur investissement en Grande-Bretagne n’a pas marché ainsi que leurs dépenses d’infrastructures qui sont très lourdes. De plus, lorsque le prix de l’énergie augmente, EDF ne peut répercuter la hausse sur le consommateur. EDF a bien résisté dans les années de crise mais n’a pas su profiter de la croissance.