
Depuis mi 2010, on constate une légère diminution des déficits publics des pays de la zone euro. De 6% du PIB, le déficit public européen devrait passer à 4,5% mi 2011 selon les prévisions des gérants de Conviction Asset Management.
Néanmoins, il est trop tôt pour se réjouir. En effet, selon Philippe Delienne, président de Conviction AM, pour sortir durablement de cette crise, il faudra faire attention à ne pas pratiquer de politiques trop laxistes. Même si le déficit primaire (hors intérêt de la dette) de la zone euro est bien positionné par rapport aux Etats Unis ou au Japon, il faut remonter les taux d’intérêts pour faire baisser l’inflation et le chômage, ainsi que favoriser les emprunts à court terme. L’ensemble des gouvernements européens va devoir engager de lourdes réformes sur les deux prochaines années, estime le gérant. La France a déjà mis en place un plan de rigueur qui devrait permettre une économie budgétaire de 10 milliards d’euros sur 4 ans. La France caracole en effet en tête des Etats européens dont les dépenses publiques sont les plus élevées, avec plus de 55% de son PIB devant l’Italie et le Portugal (près de 50%).
Pour Conviction AM, il s’agit d’une « petite crise » au niveau européen comparé aux Etats Unis. Les gérants estiment que le principal danger serait une contagion des crises grecque et irlandaise aux autres pays de la zone euro, qui présentent des difficultés économiques, à l’instar de l’Espagne et du Portugal. Afin d’éviter cette propagation, rappelons que l’Union Européenne et le FMI, en excluant l’Allemagne qui ne souhaite pas intervenir financièrement, ont mis en place un plan de sauvetage pour la Grèce de l’ordre de 110 milliards de dollars. Selon Alexandre Heze, responsable de la gestion chez Conviction Asset Management, « la Grèce devrait voir une hausse des revenus primaires d’ici à fin 2011 ».
Pour finir, Philippe Delienne souligne que les réformes sont en cours en Europe mais que les objectifs ne seront pas atteints en 2013. Selon lui ces réformes seront insuffisantes. Il faut donc prendre ces prévisions avec précaution, car même si l’on constate que les Etats font des efforts et que les marchés économiques repartent à la hausse, une complicité franco-allemande forte sera indispensable pour soutenir la relance européenne. La gouvernance européenne s’améliore souligne les gérants, mais il y a encore beaucoup d’étapes à franchir pour parvenir à une gestion budgétaire commune. Ils signalent notamment les écarts de croissance, de compétitivité et de situation financière entre les pays européens. Ils estiment que des déséquilibres vont s’accroitre avec l’Allemagne. De plus, les gérants notent que les risques sur la dette européenne peuvent ressurgir à tout moment, et qu’une « restructuration à froid » ne sera pas forcément prise négativement par les marchés. Ces derniers sont extrêmement nerveux et ne sont pas encore convaincus de l’aboutissement de la construction européenne.