
La poursuite du rebond de l’économie mondiale pose les jalons pour une bien meilleure performance boursière du secteur de l’énergie au cours du premier semestre 2011. En effet, l’influence grandissante des économies émergentes, couplée au retour à meilleure fortune de l’économie américaine, devrait être particulièrement bénéficiaire pour les prix du pétrole. C’est d’ailleurs ce qu’anticipe l’Agence Internationale de l’Energie : ses dernières révisions sont encore largement positives concernant la demande mondiale de pétrole pour 2010, qui devrait afficher un nouveau record à 87.4 millions de barils par jour d’ici à la fin du mois. Même tendance pour l’année prochaine, puisque la demande anticipée par l’Agence atteint 88.8 millions de barils par jour… surpassant le précédent record de 2007 de près de 2.3 millions de barils par jour !
La hausse du prix du baril au cours de cette année est d’autant plus impressionnante qu’elle n’a pas été due à la baisse du dollar (qui s’est renchéri de près de 9% depuis le début de l’année). Pour la première fois depuis 2007, le taux de change n’a eu que très peu d’impact sur l’évolution du prix du pétrole, puisque la corrélation est passée de 86.5% entre début 2007 et fin 2009, à seulement 26.2% depuis le début de l’année ! Les prix ont donc été surtout tirés par la hausse de la demande mondiale, qui, en dépit d’une amélioration de l’efficacité énergétique de nombreuses entreprises, notamment dans les pays émergents, n’aura mis que 3 ans pour effacer les effets de la plus grande récession mondiale connue depuis les années 30. Cela est encore plus impressionnant lorsque l’on se remémore qu’il avait fallu près d’une décennie pour que la demande retrouve ses niveaux d’avant crise, après la récession du début des années 80…
La hausse de la consommation de pétrole n’est pour autant pas homogène sur l’ensemble de la planète, la fameuse théorie du découplage s’appliquant particulièrement bien ici. Dans ce domaine, les consommateurs changent de visage : en 10 ans, le poids des pays de l’ocde dans la demande mondiale n’a cessé de reculer, passant de 62.5% du total à seulement 53% aujourd’hui. Les trois grands que sont les Etats-Unis, l’Europe occidentale et le Japon sont quant à eux passés de 53% à 43% de la consommation mondiale sur la même période. Mais cette baisse de l’influence des pays industrialisés n’est pas que relative : au cours des 5 dernières années, la demande des 3 grands est passée d’environ 41.5 millions de barils par jour en 2005 à seulement 38 millions de barils par jour aujourd’hui, en dépit du rebond des économies industrialisées depuis mi 2009…
Dans le même temps, la consommation des émergents, et surtout de la Chine, n’a cessé de croître, que ce soit en termes relatifs ou absolus : en 10 ans la demande chinoise est passée d’à peine 5 millions de barils par jour à près de 9.5 millions de barils par jour aujourd’hui, soit une hausse de 95%... et le rythme ne semble pas se calmer ces derniers mois. Son poids dans la consommation mondiale est quant à lui passé d’à peine 6% en 2000 à plus de 11% du total aujourd’hui… une telle trajectoire est-elle soutenable ?
C’est peu probable à moyen terme. En effet, la réalisation d’un tel scénario ne sera pas sans risque pour l’économie mondiale : d’une part la hausse du coût de l’énergie ne rendra pas la tâche facile à l’ensemble du tissu industriel puisqu’il renchérira le coût des matières premières. D’autre part, et c’est sans doute le plus dommageable, elle réduira à nouveau le pouvoir d’achat des ménages occidentaux, qu’ils soient américains ou européens (et c’est nouveau !), rendant toujours plus difficile la cicatrisation des plaies nées avec la crise.
Source : PrimeView