Le gouvernement a affiné le calcul des besoins financiers des régimes de retraite, dans un document communiqué vendredi faisant apparaître un besoin de financement supérieur à son scénario de juin qu'il envisage de compenser en puisant davantage dans l'assurance chômage.
Dans une note transmise au Sénat, révélée par Les Echos, le gouvernement rappelle que le scénario économique a été revu depuis la présentation le 16 juin de sa réforme destinée à ramener à l'équilibre les caisses de retraites.
Par ailleurs, "des projections réalisées régime par régime ont permis d'affiner l'estimation du besoin de financement avant réforme" par rapport aux hypothèses du Conseil d'orientation des retraites (COR), ajoute le document.
"Ces deux effets conduisent à améliorer de 2,8 milliards le besoin de financement tous régimes estimé en 2011 mais à la détériorer de 2,3 milliards d'euros en 2018", souligne la note.
A cela, s'ajoute l'impact des concessions faites le 8 septembre, et l'actualisation du calcul de la participation de l'Etat au financement des régimes de retraite.
L'élargissement de la retraite pour pénibilité sera financé par une majoration de cotisations à la caisse accident du travail, donc "sans impact sur le bouclage" de la réforme, selon le document.
Le lissage du dispositif carrières longues et les nouvelles modalités de fermeture du dispositif pour les mères de 3 enfants ayant travaillé 15 ans dans la fonction publique coûtera en revanche 200 à 700 millions par an, selon les années.
Pour ramener à zéro le déficit des régimes de retraite en 2018, ces différentes évolutions "conduisent à mobiliser à un niveau légèrement plus élevé que prévu initialement" les cotisations destinées au régime d'assurance chômage (Unedic), selon le document.
Au lieu de 1,4 milliard d'euros provenant de l'Unedic, ce sont 3,3 mds d'euros qui s'inscrivent dans le tableau en 2020, soit 1,9 md de plus.
Le principe de ce transfert appelé "swap Unedic" était déjà prévu dans la réforme Fillon des retraites de 2003.
Les décrets étaient prêts en 2008, mais la crise et l'envolée du nombre de chômeurs à indemniser a obligé le gouvernement à y renoncer.
"Les sommes qu'on attend de l'Unedic ne représentent que 6% du bouclage total, c'est raisonnable et on est très loin de prendre tous les excédents Unedic tels qu'on peut les anticiper avec notre scénario économique", estime-t-on dans l'entourage du ministre du Travail Eric Woerth.
Le scénario économique retenu en juin tablait sur 1,4% de croissance en 2010 puis 2,5% l'an prochain (et une masse salariale en hausse de 1,3% puis 3,7%).
Les hypothèses désormais retenues tablent sur une croissance de 1,5% en 2010 puis 2% l'an prochain (et une masse salariale en hausse de 2% puis 2,9%).