AD : La crise financière a forcé les banques à changer d’attitude sur la question des bonus. Dans un effort de transparence sans précédent, elles commencent à livrer des quelques éléments chiffrés. On sait que la Société Générale compte verser cette année une enveloppe de 250 millions d’euros, à partager entre ses 2.600 opérateurs de marché. Cela représente selon la banque une baisse de 60% par rapport aux années précédentes.
Du côté de BNP Paribas, dont les résultats ont été plus que satisfaisants, on a provisionné un milliard d’euros, dont la moitié sera versée en 2009, pour 4.000 traders. Selon Les Echos, la rémunération globale (fixe+variable) des salariés de BNP Paribas travaillant dans les activités de marchés reste stable par rapport aux années d’avant-crise. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a d’ailleurs qualifié BNP Paribas de "bon élève". Il est vrai néanmoins que les comparaisons sont difficiles à établir.
VN : Malgré la taxe sur les bonus, ce genre de pratiques est revenu de plus belle. Plus de la moitié des professionnels de la finance au Royaume-Uni ont bénéficié en 2009 de bonus plus importants qu’en 2008, selon une étude du site Efinancialcareers.com.
Les traders français devraient bénéficier eux aussi de bonus mirobolants. A Paris, ils devraient récolter près d’un milliard d’euros de primes, selon les calculs du quotidien Le Monde. Même quand les primes et les bonus diminuent, ce qui n’est pas toujours le cas, les rémunérations restent indécentes.
AD : Certes, il y a eu des abus, mais la volonté de régulation semble réelle, en tout cas au niveau français. Les sénateurs ont décidé d’étendre la taxe sur les bonus des traders aux personnes qui les encadrent. Cette taxe s’établit à 50% pour les bonus de 2009 supérieurs à 27.500 euros. Elle doit permettre de générer 360 millions d’euros.
Après, ce n’est pas l’existence même des bonus qui pose problème mais leur mode d’attribution. Il faudrait qu’ils ne soient plus systématiques mais uniquement liés aux performances. En attendant, les dirigeants de grandes banques ont décidé de donner l’exemple. Le patron de la Société Générale a ainsi décidé de renoncer à son bonus en 2009, de même que les dirigeants de Royal Bank of Scotland et de Barclays. VN : Oui, mais renoncer à des bonus quand on est déjà payé plus de 300 fois le Smic, c’est surtout une opération de communication. Certaines lois visent à réduire les bonus, mais les rémunérations restent extravagantes. En plus, ces lois qui restreignent les bonus sont insuffisantes. Le G20 n’a imposé aucun plafonnement pour les bonus distribués par les grandes banques.
Les banques annoncent des bénéfices 2009 plus élevés que les années précédentes, et donc des rémunérations plus élevées pour les financiers. Goldman Sachs annonce par exemple 13,3 milliards de dollars de bénéfices pour 2009, six fois plus qu’en 2008. Aux Etats-Unis, 20 milliards de dollars ont été distribués en 2009, soit 17% de plus que l’année précédente. Les fortes rémunérations notamment sous forme de bonus indiquent que les banques n’ont pas compris les leçons de la crise.
AD : Il semble illusoire de vouloir la fin des bonus vu qu’ils forment une composante à part entière de la gouvernance des banques. Le risque est au contraire de voir les opérateurs les plus performants partir à l’étranger et déserter les établissements français. C’est pourquoi la nécessité d’une réelle régulation au niveau international, c’est-à-dire du G20, est impérative. En clair, que les règles du jeu soient les mêmes pour tous.