Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire sur la réorganisation du capital du groupe Wendel après une plainte dénonçant les bénéfices indus qu'auraient réalisés à cette occasion certains de ses dirigeants dont Ernest-Antoine Seillière.
Cette information judiciaire pour "abus de bien social et recel" a été ouverte le 13 novembre et confiée au juge financier Françoise Desset.
Elle fait suite au dépôt d'une plainte avec constitution de partie civile de Sophie Boegner, une ex-administratice de la holding familiale de la famille Wendel, la SLPS (Société lorraine de participations sidérurgiques).
Ce type de plainte, qui ne peut être déposée qu'après le rejet d'une plainte simple, entraîne quasi automatiquement l'ouverture d'une information judiciaire et la désignation d'un juge.
Le 15 septembre, le parquet de Paris s'était prononcé pour le classement sans suite de cette plainte simple estimant qu'aucune qualification pénale ne ressortait du dossier au vu d'éléments d'information transmis par l'Autorité des marchés financiers (AMF) et d'une expertise interne.
"Tant l'AMF que le parquet ont établi la régularité de l'ensemble des opérations d'association du management au capital de Wendel: la transparence à l'égard des actionnaires, la bonne gouvernance, la conformité des opérations au droit", s'était alors félicité le groupe Wendel.
L'avocat de Mme Boegner, Me Patrick Maisonneuve, avait de son côté expliqué "ne pas comprendre la décision du parquet, compte-tenu des pièces fournies" et annoncé le dépôt d'une nouvelle plainte avec constitution de partie civile.
Lors de la réorganisation du capital du groupe Wendel en 2007, une quinzaine de cadres dirigeants ont acquis près de 5% des parts de Wendel investissement, société du groupe cotée en bourse.
Ces parts représentent 324 millions d'euros en actions, dont 79 millions pour les seules parts de M. Seillière mais les dirigeants n'ont déboursé que 83 millions grâce à un mécanisme juridique et fiscal complexe.
Mme Boegner estime que la famille Wendel (dont les membres ne peuvent être que les seuls actionnaires de la SPLS) ne bénéficiait pas des conditions avantageuses accordées au management et a pâti financièrement de la réorganisation du capital du groupe à hauteur de 30 millions d'euros.
La réorganisation du groupe a été réalisée avec l'accord des conseils d'administration et assemblées générales des structures concernées, mais Mme Boegner dénonce le rôle de juge et partie de M. Seillière, présent dans les instances décisionnaires de plusieurs des structures du montage.
Selon une jurisprudence de la cour de cassation, l'abus de bien social, s'il est avéré, ne peut pas être absous par une approbation des actionnaires, a précisé une source judiciaire.
Depuis le dépôt de sa plainte, Mme Boegner a été évincée du conseil d'administration de la SLPS. Wendel a également porté plainte contre elle pour dénonciation calomnieuse. Cette plainte ne sera examinée par la justice qu'à l'issue de l'enquête principale, selon une source judiciaire.
Fondé au début du XVIIIe siècle, le groupe Wendel a longtemps exercé une rôle important dans la sidérurgie avant de se tourner vers l'investissement.
Il est aujourd'hui présent dans des secteurs aussi diversifiés que la certification (bureau Veritas), l'installation électrique (Legrand), l'électronique (Deutsch), la Santé (Stallergènes), les matériaux de construction (Saint-Gobain) ou l'énergie (Orange-Nassau).