Première invitée de la nouvelle émission politique de David Pujadas sur France 2, Marine Le Pen s’est exprimée sur plusieurs sujets, dont l’économie et l’immigration. Se posant en victime, elle n’a jamais vraiment répondu aux questions de ses différents interlocuteurs.
Invitée jeudi soir de l’émission « Des paroles et des actes », le nouveau rendez-vous politique de France 2, la candidate frontiste a été interrogée dès les premières minutes sur les nombreuses condamnations de son père Jean-Marie Le Pen. En effet il a été condamné par la justice à plusieurs reprises pour ses provocations sur la Shoah et l'immigration. Défendant la réputation de son père, Marine Le Pen a concédé que « ces propos (pouvaient) parfois un peu défriser », mais que tout était question de « références » historiques… David Pujadas a ensuite demandé à Marine le Pen comment elle expliquait le fait qu’elle recueille moins d’intentions de votes qu’il y a trois mois. Selon un sondage CSA effectué les 20-21 juin pour BFM TV/RMC/20 Minutes, la présidente du FN recueillerait 16% d'intentions de vote. Un score en baisse de 3 à 4 points par rapport à mai, et qui l’éliminerait dès le premier tour. Encore une fois, Marine Le Pen, a préféré relativiser : « Nous nous stabilisons à un niveau extrêmement haut. Disons que c’est un palier, pour mieux reprendre de l’élan après ».
Le débat s’est poursuivi sur les thématiques économiques, notamment l’euro qui été la cible principale de Marine Le Pen. « L'euro est en voie d'extinction, personne n'ose le dire (...) Cette monnaie inique a été un échec terrible », a-t-elle martelé, proposant de sortir de la monnaie unique. A la question sur les solutions qu’elle apporterait face aux conséquences d’une telle sortie de l’euro, notamment une augmentation de 20% à 25% de tout ce qui est produit hors de France, la présidente a préféré esquiver la question et mettre en avant l’importance de la restauration des barrières douanières.
Si Marine Le Pen a régulièrement détourné les questions de ses interlocuteurs, on peut souligner son talent oratoire. En effet, la Conseillère régional du Nord pas de Calais, s’est présentée en véritable représentante de la lutte anti-système. Affirmant être « la seule à être capable de proposer une alternative au système », Marine Le Pen a fustigé les médias d’être à la botte de l’UMP et du PS. Concernant ses interlocuteurs elle a déclaré « Ils sont constamment dans l’invective, dans la calomnie, dans l’amalgame, dans le raccourci systématique, parce qu’ils sont dans un rôle qui est essentiel, le rôle de continuer à laisser les manettes soit à l’UMP soit au PS, parce qu’on est tellement bien entre nous ». Ce après quoi elle a terminé en disant « Alors oui, je suis dangereuse pour ce système ». En digne héritière des idées de son père sur l’immigration, Marine Le Pen a justifié le principe de « préférence nationale » par la baisse des salaires. « L’immigration a été utilisée pour peser à la baisse sur les salaires » a-t-elle affirmé, ce à quoi lui a répondu Lauren Joffrin, directeur du Nouvel Observateur, « ce n’est pas prouvé ». « Je pense que les allocations sont là pour aider les mères de famille françaises pour élever les enfants français », a-t-elle conclu.
L'émission s'est achevée par une vive passe d'armes entre Mme le Pen et ses interlocuteurs Caroline Fourest (journaliste) et Laurent Joffrin. Ces derniers ont mis en évidence un point du programme du FN de 2007, qui fait de l’immigration la cause d'une baisse de la qualité des recrutements dans l'armée : « 20 % des nouvelles recrues sont désormais issues de l'immigration originaire du monde musulman ». Un sujet que la présidente du Front Nationale a tenté d’éludé en s’emportant violemment contre le livre de la journaliste et en se déclarant être la cible de calomnies et de mensonges honteux. En fin de débat, sur des questions économiques, le ton est monté avec Laurent Joffrin. « Ne soyez pas insultant et méprisant, a lancé Marine Le Pen à son attention. Vous êtes tellement représentant de la caste. » Le directeur du Nouvel Observateur s'est emporté : « Je ne vous permets pas de dire ça ! Cette histoire de caste est du baratin. Vous, vous habitez dans un château et pas moi. Je ne suis pas d'une caste. Vous essayez de faire votre dynastie dans votre principauté du Front National. Et moi, je n'ai pas été nommé par mon père », ce à quoi Marine Le Pen est restée sans voix. En rendant l’antenne, David Pujadas a rappelé à la présidente du FN qu’elle n’avait toujours pas répondu à la question initiale…
Pierre Saussois