
Le scandale impliquant Dominique Strauss-Kahn, qui a retenti hier, n’en finit pas de nous abasourdir tant la situation est grave et à la fois grotesque. Grave dans la mesure où il s’agit d’un haut fonctionnaire d’une institution mondiale, grotesque d’imaginer celui-ci si désespéré et aux abois pour se ruer sur une pauvre femme de chambre.
La théorie du complot est évidemment mise en avant. C’est bien normal… Dès qu’une affaire sulfureuse naît, on cache, on tait. Et si ça se sait, alors on crie au scandale et au complot. La voiture de DSK, la fortune d’Anne Sinclair, les appartements luxueux payés comptant… tout cela n’était qu’une simple mise en bouche avant le véritable coup de massue. Là on peut dire que les initiateurs de ce complot ont bien réussi leur coup. Ils ont fait fort. DSK semble en effet définitivement écarté de la présidentielle. Et même s’il venait à être blanchi, le mal est fait. Les accusations ont marqué les esprits.
Et s’il ne s’agissait pas d’une machination ? Si toutes les accusations, celles de la femme de chambre comme celles des autres femmes (la journaliste-écrivain française, l’économiste hongroise…), étaient réelles ? Quelques questions laissées en suspens permettraient d’y voir plus clair : la femme de chambre devait-elle nettoyer la chambre de DSK à ce moment là ? Le directeur du FMI avait-il réservé à l’avance son avion ? Pourquoi est-il parti si précipitamment oubliant ses effets personnels et son téléphone portable ?
Il est certain que les médias français vont être tenus en haleine encore un bon bout de temps par cette affaire ubuesque. Les conséquences sont déjà palpables : inquiétudes sur la dette grecque et la crise de l’euro, sur la future politique du FMI, dont la gouvernance devrait être accordée à un pays émergent. En attendant, chacun y va de sa petite phrase, entre incrédulité, étonnement et offuscation, les politiques français réagissent mais restent prudents.
L. M.