
Alors que le Maroc faisait preuve d’exception au sein d’un monde arabe en pleine révolution, l’attentat de Marrakech du jeudi 28 avril risque peut-être de changer la donne.
Cet attentat qui a fait près de 17 morts et plus d’une vingtaine de blessés intervient après les nombreuses manifestations du 24 avril. Des dizaines de milliers de marocains étaient descendus dans les rues. Troisième manifestation en deux mois, l’appel lancé par la rue avait vite été calmé par les promesses de réformes du roi Mohamed VI. Il avait ainsi parlé de réforme de la constitution, de l’élargissement des pouvoirs d’instance de contrôle telle que celle des droits de l’homme et la libération de détenus politiques dont des islamistes. Cet élan de la part du gouvernement avait été accueilli avec un certain enthousiasme. Mais l’explosion dans un des cafés de la place Jemaa El Fna à Marrakech ce jeudi risque de renforcer les mesures sécuritaires.
Un renforcement qui s’est d’ailleurs traduit quelques heures après l’attentat avec l’arrestation de Rachid Niny, directeur du journal Al Massae. Ce dernier avait critiqué les services de sécurité du pays et dénoncé certaines personnalités politiques notamment sur la violation de la loi liée aux actes terroristes. Les fondateurs du mouvement du 20 février qui avait lancé la vague de soulèvements au Maroc craignent depuis que la liberté de manifester ne soit pas respectée, voire qu’elle soit réprimée. Beaucoup de sympathisants du mouvement ont relayé sur Facebook que la dynamique citoyenne pourrait être bloquée par les forces de l’ordre lors de la manifestation prévue le 1er mai prochain.
R.R.