
La fin du conflit était annoncée, c’est raté. Même si les tirs au sein de la capitale se sont atténués, la découverte d’un charnier à l’ouest du pays a ravivé la colère, tandis que Ouattara essaie tant bien que mal de « nettoyer » la capitale.
Avant le week-end, les médias annonçaient la fin proche de Laurent Gbagbo. En ce début de semaine, il en va tout autrement. Phillipe Mangou, chef de l’état major ivoirien des armées de Laurent Gbagbo, réfugié depuis une semaine dans l’ambassade sud-africaine d’Abidjan a finalement rejoint les rangs. « Notre plan est de défendre les institutions de la République contre tous ses ennemis, les rebelles, les mercenaires, les Nations unies et tous ceux qui attaquent les institutions de la République commandées par le président Laurent Gbagbo » a précisé son conseiller général. Du côté du président Ouattara, la seule stratégie possible est de miser sur la rapidité. De fait, le camp pro-Ouattara mise sur « une offensive rapide » pour tenter de mettre à mal les bastions retenus par les militaires fidèles au Président sortant. En milieu d’après midi, des dizaines de véhicules appartenant à Alassanne Ouattara ont pénétré dans la capitale, munis de mitrailleuses lourdes. « Il pourrait falloir 48 heures pour nettoyer proprement [Abidjan]», a commenté Issiaka Wattao Ouattara, commandant des forces armées.
L’armée Française au secours des expatriés
Les forces françaises, sous l’impulsion d’Alain Juppé, ont reçu l’ordre « de regrouper sans délai tous les ressortissants français d'Abidjan afin d'assurer leur protection». Devant l’attente toujours plus pressante des familles françaises, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a assuré que « la question sera réglée dans les heures qui viennent ». Pour appuyer ses propos, 170 expatriés français ont déjà été acheminés en direction du Togo ou du Sénégal. La présence des militaires français n’est pas vue d’un bon œil par tous les ivoiriens, et spécialement du côté pro-Gbagbo, qui condamne une « armée d’occupation ». Son conseiller a même été jusqu’à déclarer qu’au lieu d’une guerre qu’ils croyaient mener contre Alassane Ouattara, c’est en fait « une guerre contre l’armée française qui est engagée ».
Massacres à l’Ouest du pays : le coupable ne se dénonce pas
La revue de presse des médias français sur les évènements de Duékoué fait peur : « le temps des massacres » pour Libération ou encore « le sang et le chaos » pour l’Humanité. Pas de doute, le conflit ivoirien a bel et bien basculé dans l’horreur. C’est dans la nuit de dimanche qu’a été révélée à l’AFP toute la dimension des pertes subies. Lors de la prise de cet important carrefour de l’ouest ivoirien par les forces d’Alassane Ouattara, l’ONU a annoncé un bilan allant de 330 tués à un millier de morts ou disparus. « Faisant écho à l’appel du Secrétaire général de l’ONU d’hier, nous exhortons les forces pro-Ouattara à faire preuve de retenue et à ne pas commettre de violations des droits de l’homme et à ne pas s’engager dans des actes de vengeances. Ils doivent garder à l’esprit que le Conseil des droits de l’homme a déjà établi une Commission d’enquête pour la Côte d’Ivoire qui va examiner les abus perpétrés de tous les camps » a rappelé Rupert Colville, porte parole du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme. Ouattara a immédiatement joint par téléphone Ban-Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU, en niant la responsabilité de ses troupes dans le charnier et en appelant à l’ouverture d’une enquête internationale.
T.G