
Alors que les premières pertes des coalisés sont à déplorer, de plus en plus de pays membres se détachent de l’initiative franco-britanno-américaine. Problème majeur : le bateau de l’ « Aube de l’Odyssée » n’a toujours pas trouvé de commandant.
Un leadership partagé entre la France, les Etats-Unis et les britanniques
A minuit, le parlement britannique adopte à la quasi-unanimité la participation des forces britanniques dans l’opération « Aube de l’Odyssée ». Une décision à contrepied d’une grande partie de la communauté internationale. Dans la nuit, l’Egypte, la Colombie, le Brésil, le Nigeria, ont dénoncé l’usage de la force en Libye. Evo Morales, président colombien, a même été jusqu’à demander qu’on retire le prix Nobel de la Paix à Barack Obama, qui, selon lui, « promeut la violence ». En plus de la communauté internationale, des dissensions naissent au sein de la coalition : la Norvège, qui devait envoyer six avions de combat F16 a subitement revu sa position en soulevant une question fondamentale : qui commande vraiment ? Après que Nicolas Sarkozy ait initié la guerre en Libye, ce sont les américains qui ont pris le relais du flambeau militaire. Une fois qu’Obama ait annoncé que « Kadhafi devait partir », le commandement des opérations a été confié à Carter Ham, général américain basé à Stuttgart, en Allemagne. Cependant, les régimes français et britanniques ne sont pas soumis à ce système et conservent leurs statuts indépendants. Ainsi, même si l’ONU décrète la destruction de la zone d’exclusion aérienne, ou l’arrêt des bombardements sur les forces militaires, les armées françaises ou anglo-saxonnes seront en droit de continuer. Cette disparité au sein des coalisés, soulevée par le gouvernement norvégien pousse de plus en plus d’Etats à refuser de se joindre à l’initiative. Derniers en date : la Russie ou l’Inde. Cette disparité s’étend même jusqu’aux noms de leurs opérations, radicalement différents : « Dawn Odyssey » pour Washington, « Harmattan » pour Paris et « Ellary » pour Londres. Si les gouvernements n’arrivent pas à trouver une stratégie militaire commune, le colonel Kadhafi a encore de beaux jours devant lui…
Premières pertes pour la coalition, Misrata baigne dans le sang
Au-delà des rivalités mondiales, le conflit libyen continue de semer la mort et autres dégâts collatéraux. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, des milliers de citoyens se seraient réfugiés dans l’est du pays. Les journalistes ne sont pas non plus à l’abri : selon l’AFP, trois journalistes occidentaux ont été arrêtés dans la région de Tobrouk par l’armée Kadhafienne. Alors que les conflits n’avaient connu encore aucune perte du côté de la coalition, un jet américain s’est écrasé ce matin en zone rebelle. Un seul des pilotes a été récupéré. De son côté, le colonel Kadhafi continue de semer la terreur en bombardant la ville de Misurata, où plus de quarante morts ont été décomptés. Dans les couloirs de l’hôpital, de nombreux blessés sont soignés à même le sol, dans des conditions épouvantables. Les habitants de la ville sont terrés chez eux, de peur d’être abattus par des tireurs embusqués.
Théo Garcin