
Pour une large tranche de la population, il est légitime que l’ancien Président de la République comparaisse devant la Justice.
Les français condamnent Chirac
Les politiques sont mal-aimés, et Jacques Chirac ne fait pas exception à la règle. Pourtant bénéficiaire d’une côte de popularité grandissante à sa sortie de l’Elysée (77% des français en conservent un bon souvenir) l’ancien Président de la République est victime de la frustration de la population française : 71% des français estiment normal qu’il soit jugé sur des faits remontant aux années 90. «C'est un résultat logique. Il bénéficie de son éloignement du pouvoir et du fait que les Français sont bien conscients qu'il ne peut plus se représenter. Mais, au final, cette enquête montre surtout le besoin de justice des Français » a commenté Philippe Tapia, président de l’institut Infra-Forces. Ce sondage, réalisé pour le 20 Minutes, vient conforter les résultats apportés par BVA pour M6, dimanche dernier. Ici, 56% de la population estimait que l’ex chef d’Etat devrait être jugé comme « n’importe quel citoyen ». Ces chiffres sont révélateurs du sentiment de rejet de la population par les différents politiques français, puisqu’ils sont 86% à estimer que ce type de procès pourrait concerner n’importe quel politicien car « ils font tous la même chose ». Du côté de ses confrères, l’opinion est partagée. A gauche, François Hollande estime que « ce rendez-vous avec la Justice est incontournable », même s’il souhaite « qu’elle passe avec équilibre et rigueur ». A droite, Valérie Pécresse se dit « mal à l’aise » devant un procès « tardif et sans objet puisque le préjudice a été réparé pour la mairie de Paris ». Gérard Collomb, sénateur-maire PS de Lyon a joliment tranché : « Aujourd'hui Jacques Chirac, son juge c'est l'histoire, pas une cour ».
Les clés du dossier
L’ancien Chef des Armées comparaîtra devant la justice du 7 mars au 4 avril sur l’affaire des emplois fictifs, se déroulant en deux volets. Premièrement, alors Maire de Paris et patron du Rassemblement pour la République ( RPR), Jacques Chirac aurait employé 21 chargés de mission à son cabinet de maire. Ces emplois de complaisance auraient été attribués à des proches du Président, ou à des comités apportant un soutien à la campagne présidentielle de 1995. Problème majeur : ils n’auraient pas travaillé sur des dossiers en rapport avec la capitale, ou, plus simplement, pas travaillé du tout. Second point, l’embauche de sept employés, payés par la mairie de Paris, mais travaillant en réalité pour le RPR. C’est en 1996 que s’est ouverte l’enquête sur le financement du RPR, à la découverte de lettres signées de la main du Président, incitant à la promotion d’employés municipaux. Ces derniers reconnaissent alors œuvrer pour le RPR. En 1998, un employé municipal extérieur à l’affaire dénonce l’existence d’emplois fictifs, amenant un contribuable parisien à porter plainte. L’enquête est ouverte, mais Jacques Chirac n’est pas inquiété puisqu’il bénéficie alors de l’immunité présidentielle.
Théo Garcin