Damien Vermonet, gérant chez Acropole AM, estime que les obligations convertibles sont une classe d'actifs idéale pour tirer profit des phases de hausse et de baisse des actions.
BourseReflex : Les obligations convertibles sont-elles plus attractives que les actions ?
Damien Vermonet : Sur les 15 dernières années, tout comme sur très longue période, les convertibles offrent des performances attractives, quelle que soit la période considérée, et ces dernières années, elles ont fait aussi bien voire mieux que les actions, avec une volatilité deux à trois fois moindre. Cela résulte de leur convexité (l’option intrinsèque à la convertible) : les convertibles captent, dans les phases de hausse des marchés actions, les 2/3 de la hausse, et dans les phases de baisse, seulement 1/3 de la baisse. En effet, les obligations convertibles sont des obligations avec la possibilité de les échanger en actions. Dans le cas de chute d’une valeur, l’obligation convertible prend alors la caractéristique de l’obligation. L’incertitude reste très marquée (crise géopolitique, risque d’inflation en chine). Si l’obligation convertible est trop chère on peut utiliser des options car aujourd’hui la volatilité des options est très faible. Nous avons la possibilité de voir à quel moment il est plus favorable de faire de l’option ou de l’obligation convertible. Cette classe d’actif est idéale dans des périodes incertaines, où les marchés alternent hausse et baisse. Sur 2010, notre fonds convertibles Europe a enregistré une progression de 8%, car nous avons su tirer profit des mouvements sur les marchés, tout en ayant de fortes convictions sur les pays (pas de périphériques), les secteurs (pas de bancaires).
BourseReflex : Comment choisissez-vous les obligations convertibles ?
Damien Vermonet : Nous identifions les meilleurs opportunités d’investissement au travers d’une analyse bottom-up et top-down, et nous sélectionnons les valeurs à partir de 3 critères : actions, crédit et volatilité, en regardant en priorité l’action (analyse quantitative et qualitative), ensuite le crédit (analyse interne et externe) et enfin la volatilité (outil de pricing pour comparer les niveaux de volatilités). Ce process va nous permettre de définir la valeur dans laquelle nous souhaitons investir et définir le meilleur instrument de convexité = la convertible ou l’option. Actuellement nous sommes assez intéressés par ce que l’on appelle les « late cyclical », qui sont des valeurs qui ont sous-performé par rapport à leur secteur et présentent un bon potentiel de hausse.
BourseReflex : Quelles sont les zones géographiques les plus intéressantes pour cette classe d’actifs ?
Damien Vermonet : L’Asie et l’Europe sont les zones les plus attractives, car aux Etats-Unis, les marchés ont bien performé l’année dernière et les convertibles sont devenues très chères. L’Europe a un peu de retard par rapport aux Etats-Unis, et en Asie on trouve beaucoup de sociétés dont la valorisation est intéressante, en raison d’une certaine peur de l’inconnu. Nous sommes surpondérés sur l’Europe avec 45% de notre fonds global, contre 25% aux Etats-Unis, 20% en Asie et 5% au Japon.
BourseReflex : En termes de secteur, avez-vous des prédilections ?
Damien Vermonet : Nous avons une approche thématique plutôt que sectorielle. Tout d’abord, nous regardons les sociétés dont la croissance est décorrélée du cycle économique. C’est-à-dire que nous investissons sur de grosses mid cap, entre 2 et 8 milliards d’euros de capitalisation, qui émettent des convertibles pour financer de la croissance. Ensuite, nous suivons le thème de la restructuration, à savoir les sociétés dont le redressement des marges ou la rationalisation des coûts est en retard mais qui affichent néanmoins de belles perspectives de croissance. Enfin, il y a le thème des OPA, où les secteurs de la pharmacie et de la technologie sont très intéressants.
BourseReflex : Quelles sont vos perspectives pour 2011 ?
Damien Vermonet : Nous estimons que le marché va s’apprécier de façon raisonnable. Il devrait y avoir des à-coups tout au long de l’année, ce qui sera intéressant pour les convertibles, mais avec toujours une tendance haussière.
L. M.