Depuis quelques temps, une vraie tendance semble se dessiner dans le paysage boursier. En effet, tout le monde ne parle plus que de produits à effet de levier, de CFD (Contrat For Difference) ou encore de Forex. Feu des valeurs « à la papa » ou des dernières pépites des gérants traditionnels. Aujourd’hui pour faire de l’argent, ou du moins espérer en faire, il faut aller sur ce type d’actifs. Pourtant la crise boursière et ses conséquences ne sont pas si loin, les inquiétudes des investisseurs encore bien palpables. Alors pourquoi cet engouement pour ces classes d’actifs, réputés extrêmement risqués ?
L’engouement pour les produits à effet de levier. L’intérêt pour les produits à effet de levier réside dans la possibilité de jouer et d’anticiper la hausse ou la baisse du marché. « Il y a depuis peu un vrai engouement pour le trading actif, alors que l’investissement en bon père de famille c’est terminé », note Fabrice Cousté, directeur France de CMC Markets. Cela s’explique selon lui par le fait que nous avons connu deux crises majeures depuis les années 2000 (bulle internet de 2000 et le krach de 2008. En effet, une personne ayant investi de façon traditionnelle sur les marchés actions en 2000, n’aurait pas gagné d’argent, voire en aurait perdu. « Même les gérants n’arrivent plus à protéger les deniers de leurs clients en cas de crise importante », ajoute t-il. Selon David Furcajg, fondateur de 3rd Wave Consult et vice-président de l’AFATE (Association Française des Analystes Techniques), cet engouement pour les produits à effet de levier est la résultante de plusieurs facteurs. En premier lieu, l’amélioration de la technologie. En effet, maintenant pour une somme plus ou moins modique, tout le monde peut recréer une salle de marché chez soi. « Grâce à Internet et aux technologies plus performantes, tous les investisseurs particuliers peuvent avoir accès au marché ». Ensuite, depuis quelques années, de nombreux produits à effet de levier sont désormais proposés au public. « Auparavant seuls les investisseurs institutionnels avaient accès au marché du Forex (FX), à présent par l'intermédiaire des brokers « retails » les investisseurs particuliers peuvent également acheter et vendre de la devise », précise David Furcajg.
Le marché du Forex. La performance du marché des devises étant de plus totalement décorrélé du marché des actions, il peut être pertinent de s’y intéresser. « Les CFD ou le Forex permettent de gagner de l’argent quelque soit l’évolution du marché », commente Fabrice Cousté. Pour David Furcajg, il est possible d’investir sur le Forex via l’analyse technique à condition toutefois de prendre son temps pour se former et de bien comprendre la stratégie. « Il semble plus aisé d’analyser un graphique que de s’en remettre à l’analyse fondamentale, qui nécessite beaucoup de connaissance et de temps », précise le vice-président de l’AFATE. Il recommande pourtant de faire sa propre expérience et de ne pas céder aux sirènes des brokers Forex, qui pour beaucoup surfent sur la folle expansion de ce marché. « Nous sommes à l’aube d’une vraie révolution », précise Fabrice Cousté, ajoutant que « beaucoup d’acteurs arrivent sur ce marché, extrêmement concurrentiel, il est donc important de bien choisir sa plateforme de trading».
Perspectives . L’attrait pour ces nouveaux produits ne devrait donc pas se tarir prochainement. Comme nous avons pu le constater lors du dernier Salon Actionaria, où une place prédominante était réservée aux courtiers de produits dérivés, comparé aux autres années. Alors tendance pérenne ou éphémère ? Nous verrons. En attendant, pour en savoir plus sur les prochaines évolutions du marché, il faudra regarder du côté de l’Irlande et l’Espagne. En effet, comme la majorité des experts, Fabrice Cousté estime qu’il ne devrait pas se passer grand-chose d’ici la fin de l’année compte tenu des inquiétudes sur la crise obligataire. De son côté, David Furcajg note que « la faiblesse de l'euro et l'attrait pour le dollar et l’or témoignent d'inquiétudes sur l'économie et donc sur les marchés actions. Et, compte tenu du rallye du marché boursier américain entre août et novembre (+ 17%), je ne m'attends pas à une accélération haussière de fin d'année ».
L. M.