Les éboueurs de Marseille commençaient à voter lundi soir, lors d'assemblées générales, la reprise du travail à partir de mardi matin, comme le proposait le syndicat majoritaire Force Ouvrière, après 14 jours de grève contre la réforme des retraites, a constaté un journaliste de l'AFP.
Lors de la première de ces assemblées, qui s'est tenue dans le secteur des 4e et 5e arrondissements de Marseille, la quasi-totalité des quelque 30 agents présents s'est prononcée pour la reprise.
Prenant la parole avant le vote, le secrétaire général adjoint du syndicat FO des Territoriaux, Patrick Rué, a expliqué les raisons qui avaient poussé le syndicat à appeler à suspendre le mouvement.
"Une réquisition des personnels, éboueurs et chauffeurs, pouvait intervenir d'un jour à l'autre. Notre détermination est toujours intacte. Mais depuis vendredi, il y a eu une modification du comportement des Marseillais (à l'égard du mouvement, ndlr) et nous devons proposer à la population de remettre Marseille en état. C'est pourquoi je vous propose de suspendre le mouvement", a-t-il déclaré.
Christian Berard, éboueur dans le secteur 4-5, âgé de 55 ans, l'admet: "c'est la mort dans l'âme que l'on reprend le travail, mais on le fait pour la population. Les gens étaient derrière nous, mais à un moment avec les feux, les rats, il fallait reprendre le travail".
"Si ce n'était pas pour la population marseillaise, je continuerais la grève, car faire partir un éboueur à 65 ans, c'est vraiment très dur", nuance-t-il aussitôt, estimant qu'il "faudra 7 à 8 jours pour que tout cela rentre dans l'ordre en travaillant fort".
Depuis le 11 octobre, date du début de la grève, près de 10.000 tonnes de déchets se sont accumulées dans les rues de 12 des 16 arrondissements de Marseille, où la collecte des déchets est assurée par des agents publics, ainsi que dans les villes environnantes membres de la communauté urbaine.
Outre l'amas des ordures sur les trottoirs et les chausées, en raison du fort mistral qui a fait s'envoler de nombreux déchets, la multiplication des incendies de poubelles se propageant parfois à des véhicules et aux façades d'immeubles a sérieusement inquiété les autorités.
Dimanche, quelque 800 incendies avaient été recensés depuis le début de la grève il y a deux semaines, dont 300 pour le week-end.