(AOF / Funds) - Les perspectives économiques de la zone euro restent très moroses à court terme. Le consensus n'attend qu'une croissance de 1 % du PIB de la zone cette année, notamment en raison de la poursuite de la contraction de l'investissement des entreprises. De fait, le taux d'utilisation des capacités de production industrielles reste très bas et les entreprises sont très endettées.
Pourtant, sans aller jusqu'à anticiper un rebond brutal de leur effort d'équipement, quelques éléments peuvent modérer le pessimisme. 1) Dans le PIB sont recensés des flux bruts d'investissement. La faible utilisation des capacités de production n'est pas un frein absolu à un rebond modéré de ces flux, pour remplacer des équipements arrivés en fin de vie ou pour muscler les gains de productivité. 2) La crise financière a provoqué une chute de 20 % de l'investissement des entreprises. Malgré le recul historique de leur valeur ajoutée, leur taux d'investissement a baissé de 3,5 points. La réduction de l'investissement a été plus brutale que le nécessitait l'ajustement à la demande, notamment pour des raisons de calendrier. Intervenue alors que les entreprises établissaient leur budget 2009, la faillite de Lehman Brothers a engendré des surréactions. 3) Les perspectives globales de demande sont orientées à la hausse, grâce à la reprise mondiale, et la tendance à la dépréciation de l'euro est positive à court terme.
Dans ces conditions, l'investissement des entreprises, sans pour autant rebondir rapidement, pèserait moins ces prochains mois sur la croissance de la zone euro que l'envisage le scénario consensuel. Il pourrait même soutenir (un peu) l'activité.
Jean-Louis Mourier, économiste, Aurel BGC