Les constructions de logements neufs ont fortement chuté, près de 17% en 2009, sous l'effet de la crise, pénalisant notamment l'accession à la propriété des ménages, malgré un lent mouvement de reprise amorcé en cours d'année.
"L'année 2009 est une année qui a pleinement encaissé les conséquences de la crise", résume Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris X-Nanterre.
Le nombre de logements dont la construction a débuté en 2009 s'est élevé à 333.247 contre 400.191 en 2008, soit une chute de 16,7% sur l'année, selon des chiffres publiés mardi par le ministère de l'Ecologie.
En 2006, 460.294 logements neufs avaient vu leur construction débuter, et 465.681 en 2007.
Sur le dernier trimestre de 2009, 85.559 logements neufs ont été mis en chantier, soit une baisse de 10,6% par rapport à la même période en 2008.
Le nombre de permis de construire délivrés en 2009 est également en repli de 17,8% par rapport à 2008, avec 397.310 permis accordés, contre 483.373 en 2008. "Il faut remonter à novembre 2003 pour observer un cumul sur douze mois inférieur à 400.000 logements autorisés", note le ministère.
"Grâce aux différentes mesures de relance (dispositif Scellier notamment), le pire a été évité, mais on ne répond pas aux besoins, notamment en matière d'accession à la propriété", note Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs-constructeurs (FPC).
Pour répondre à la demande de logements non satisfaite en France, l'objectif affiché par le gouvernement est de construire 500.000 nouveaux logements chaque année.
En ce qui concerne strictement les promoteurs-constructeurs, "on n'a jamais fait aussi peu de ventes pour les ménages accédant à la propriété depuis 1995", affirme M. Pigeon.
Les estimations de la Fédération française du bâtiment (FFB) confirment que le nombre de logements neufs construits en 2009 pour des ménages accédant à la propriété s'est élevé au total à 195.000, contre 252.000 en 2008.
"Ce qui constitue le gros du recul enregistré en 2009 pour la construction de logements neufs, c'est l'accession à la propriété, c'est l'effet de la crise, il n'y a pas de surprise", acquiesce M. Mouillart.
"Mais il faut quand même voir le mouvement de remontée du rythme trimestriel" des constructions entamées au cours de l'année, note-t-il: "on a atteint le bas de la vague et on est en train de doucement remonter".
"Malgré tout, même s'il est stabilisé, le marché reste fragile", tempère Mathilde Lemoine, directrice des études économiques chez HSBC France. "Les permis de construire restent inférieurs de près de 18% par rapport à 2008, et d'environ 30% par rapport à 2007. Ca ne va pas suffire à réinverser la tendance" en 2010, estime-t-elle.
Pour Didier Ridoret, président de la FFB, les chiffres des permis de construire sont aussi "une petite déception". "J'espérais qu'on aurait une remontée des autorisations (permis de construire, ndlr), c'est le travail de demain", avoue-t-il, même s'il parie sur une augmentation de la construction de logements neufs en 2010, autour de 345.000 unités.
"En 2010, le marché du logement neuf devrait continuer à remonter", assure de son côté M. Mouillart. "Mais les ménages qui veulent accéder à la propriété vont continuer à souffrir", prédit-il, soulignant que "la crise et le chômage pèsent aujourd'hui sur les ménages".