La Fondation Abbé Pierre a appelé mardi à une politique du logement "en rupture" alors que le pays est frappé par la crise économique et que les inégalités territoriales n'ont jamais été aussi fortes.
Présentant à la Mutualité à Paris, le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur l'état du mal-logement, Patrick Doutreligne et Christophe Robert, deux responsables de l'association ont prôné une panoplie de mesures "pour une politique de l'habitat plus juste, plus soucieuse des faibles et plus vigilante à une égalité d'accès aux droits et aux territoires".
En tête de ces propositions, pour "produire des logements à loyers accessibles", la Fondation voudrait imposer dans tout programme immobilier de plus de dix logements, un quota minimum de 20% de logements à loyers accessibles. Elle souhaite également une prolongation du Plan de cohésion sociale qui touchera à sa fin en 2009.
Pour une dimension territoriale plus juste de l'habitat, la Fondation réclame un renforcement de l'article 55 de la loi SRU - qui fait obligation aux communes d'avoir au moins 20% de logements sociaux - en sanctionnant plus fermement les réfractaires à son application. Elle demande également un élargissement de la taxe sur la vacance.
Afin de "tarir les sources d'exclusion du logement", l'association propose d'augmenter de 12% le montant des aides personnelles au logement - qui ne serait en fait qu'un rattrapage. Elle réclame aussi l'intervention de l'Etat pour "empêcher les loyers de relocation d'être au-dessus de l'indice des prix.
Parmi les autres mesures réclamées: la résorption des 600.000 logements "indignes" et la suspension des expulsions locatives "des personnes de bonne foi".
Ces mesures présentées mardi matin sont également partagées par le Collectif des 32 associations avec lequel la Fondation a oeuvré toute l'année.
La ministre du Logement, présente lors de la présentation du rapport 2008, a décliné cette année l'invitation en faisant savoir qu'elle "donnait la priorité" à son projet de loi "mobilisation pour le logement" qu'elle doit défendre devant l'Assemblée nationale et qui "représente la meilleure réponse" au rapport de la Fondation.