Un promoteur immobilier alsacien, Brun Habitat, a été placé en liquidation judiciaire après plusieurs plaintes d'entreprises et d'accédants à la propriété qui s'estimaient spoliés, a-t-on appris jeudi de source judiciaire à Strasbourg.
Après une rapide enquête qui a démontré que Brun Habitat n'était plus en mesure de faire face à ses obligations, le parquet a saisi la 1ère chambre commerciale qui a prononcé la liquidation judiciaire immédiate et désigné deux liquidateurs. Ces derniers devront déterminer l'étendue des dégâts ainsi que les contours juridiques du groupe autour duquel le promoteur a créé une myriade de sociétés civiles immobilières (SCI).
Selon un acquéreur malheureux, Bernard Blaizeau, qui a porté plainte avec une dizaine de copropriétaires pour "abus de confiance", "plus d'une centaine de familles" sont victimes dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin du promoteur Antoine Brun et de son épouse, commerciale dans la société.
Il s'agit de petites résidences ou immeubles comportant chacun une douzaine d'appartements vendus en copropriétés, a-t-il indiqué.
"Une dizaine de chantiers sont paralysés depuis plusieurs mois, il y a aussi des malfaçons et des entreprises non payées", a précisé M. Blaizeau à l'AFP.
Selon lui, certains acquéreurs, des jeunes couples ou des personnes âgées, sont "au bord du gouffre", dans une grande détresse morale et financière.
M. Blaizeau, qui a dû payer par contrat 80% de son appartement alors que seulement 55% étaient construits, dénonce aussi les lacunes de la loi VEFA (vente en l'état futur), aussi appelée vente sur plan, "face à d'éventuels promoteurs véreux".
"Nous sommes pris dans la nasse, la loi nous oblige à payer des appels de fonds à fonds perdus, il n'y a pas de contrôle sur les travaux réellement réalisés", s'est-il plaint.
Les acquéreurs qui s'estiment spoliés ont l'intention de manifester leur mécontentement prochainement devant les locaux du promoteur à Strasbourg.
M. Brun, en congé jusqu'au 1er septembre, n'est pas joignable, a indiqué son secrétariat téléphonique.