Malgré un mois d'août meilleur qu'en 2010, le rythme de la reprise de la construction de logement neufs en France est en train de ralentir au vu de la publication mardi des chiffres officiels pour les huit premiers mois de l'année.
"Le ciel s'assombrit sur le secteur car la reprise est en train de s'atténuer", constate auprès de l'AFP Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest.
Si pour la période de juin à août, le nombre de mises en chantier s'est élevé à 74.646, en progression de 8,1% par rapport à la même période un an plus tôt selon les chiffres publiés par le ministère du Logement, le rythme de croissance était encore de 35,5% au premier trimestre.
Au cours des douze derniers mois (septembre 2010 à août 2011), le nombre de mises en chantier, avec 350.991 logements commencés, est en augmentation de 19,2% par rapport aux douze mois précédents. L'année 2011 devrait se terminer en dessous des 360.000 mises en chantier qui étaient jusqu'à présent espérées, encore loin de la très bonne année 2007 (415.000), la dernière avant la crise, pronostique M. Mouillart.
Pourtant le mois d'août, avec 24.002 mises en chantier, est en progression de 17,9% sur celui de l'an dernier. "Mais hormis 2010, il faut revenir à 2002 pour trouver un mois d'août aussi faible", constate M. Mouillart. Corse, Normandie, Poitou-Charentes dans le "rouge"
Par régions, la situation est très contrastée. Alors que les mises en chantier progressent fortement sur 12 mois (y compris les constructions sur bâtiment existant) en Rhône-Alpes (+30,0%), en Aquitaine (+26,2%), en Champagne-Ardenne (+24,2%) et en Midi-Pyrénées (20,7%), certaines autres ont déjà basculé dans le "rouge" comme la Corse (-5,8%), la Basse-Normandie (-1,7%), la Haute-Normandie (-0,5%) et Poitou-Charentes (-0,3%).
Inquiétude également pour les permis de construire qui ont atteint 116.397 unités entre juin et août, en progression en douze mois de 9,8% à 427.456. Là aussi le mois d'août, avec 36.650 permis déposés, est supérieur de 14,4% à celui de 2010.
Mais c'est le secteur de la maison individuelle, celui des classes moyennes qui deviennent souvent alors propriétaires pour la première fois, qui inquiète le plus. Avec 10.689 permis, il est même en recul de 6,4% sur celui d'août 2010. "Pire, hormis 2008, il faut remonter à 1998 pour trouver un aussi mauvais mois d'août pour les permis de construire des logements individuels purs", souligne M. Mouillart.
"L'Insee a montré l'inquiétude des ménages sur l'emploi et le pouvoir d'achat. De plus, une partie de la richesse de ces ménages s'est envolée dans la crise boursière", explique cet expert.
Plusieurs raisons semblent contribuer à un début de retournement de tendance: les annonces de l'alourdissement de la taxation des plus-values immobilières sur les résidences secondaires et les investissements locatifs ("Scellier"). Ces derniers se verront en plus infliger l'an prochain un nouveau coup de "rabot" sur le taux de réduction d'impôt.
Autre crainte: une raréfaction du crédit immobilier de la part des banques affectées par la crise de la dette des Etats.
Le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu reste pourtant optimiste, affirmant que les chiffres de mises en chantier de ce été, "conséquence de la reprise du marché débutée à la fin de l'année 2009 après la crise", se situent "à leurs niveaux du milieu de la précédente décennie.
"Tout peut se jouer après les annonces de mercredi lors de la présentation du budget 2012: une consolidation du secteur ou une baisse", conclut M. Mouillart.