Après une flambée des prix de 22,5% au deuxième trimestre, la plus forte sur un an depuis 20 ans, avec un record de 8.150 euros le m2 en moyenne, le prix des logements anciens à Paris devrait se stabiliser, voire légèrement baisser à partir d'octobre, constatent les notaires.
"Les prix, y compris à Paris, amorcent une baisse, pour l'instant légère, comme nos avant-contrats en témoignent sur la période juin-août", a déclaré mercredi Me Christian Lefebvre, président de la Chambre des notaires de Paris et d'Ile-de-France, lors d'une conférence de presse.
"Ce premier coup de frein est salutaire du fait du niveau actuel des prix atteints à Paris et de l'accumulation des hausses de prix depuis quelque trimestres", soulignent les notaires dans leur étude.
Les notaires, fidèles à leur réputation de prudence, estiment qu'il n'y aura pas d'explosion d'une supposée "bulle immobilière" tant l'appétit pour se loger dans la capitale reste vif et du fait que la réforme des plus-values immobilières suscite de vives inquiétudes, se traduisant par des retraits de la vente de biens par des propriétaires effrayés par le plan de rigueur.
Aussi les volumes de vente s'érodent très sensiblement, un phénomène qui s'est accentuée depuis le retour des vacances, ce qui devrait entraîner un fort ralentissement au deuxième semestre et qui explique que les prix ne s'écroulent pas, expliquent les notaires.
Après le record de 8.150 euros/m2 en moyenne - avec un sommet pour un 2 pièces sur l'Esplanade des Invalides à 45.000 euros/m2 - la hausse des prix, calculée sur les promesses de vente déjà signées, va se poursuivre et atteindre un nouveau record à 8.648 euros/m2 en septembre avant d'enregistrer une légère décrue de 1,2%, sur un mois, en octobre (8.570 euros/m2).
"L'immobilier reste une valeur refuge surtout au vu des cours actuels de Bourse", souligne Me Thierry Delesalle.
L'avenir reste toutefois incertain et il est "difficile de tirer des conclusions sur les prix même si les les augmentations sont terminées car les limites de la solvabilisation des acheteurs apparaissent", estime Me Philippe Sansot.
"Le marché retient son souffle", ajoute Me Lefebvre.
En effet, les taux d'intérêt des crédits immobiliers remontent depuis plusieurs mois et les banques donnent un tour de vis sur leurs accords de prêts, constatent les notaires.
"Le coût du crédit est en hausse de 25% par rapport au point le plus en octobre 2010 mais toujours 30% inférieur à celui de 2008", confirme de son côté le courtier Empruntis.com dans une étude publiée jeudi.
Mais l'avenir risque d'être moins rose pour les emprunteurs car pour les banques "la conservation des marges est une priorité absolue renforcée par (les critères de solvabilité) de Bâle 3 et les problèmes de liquidités sur les marchés", souligne Empmruntis.com.
Pour la France entière, la hausse des prix des logements anciens sur le deuxième trimestre a été de 7,7% et de 4,3% pour la seule province, selon l'indice Notaires-Insee.
"Le marché provincial est extrêmement hétérogène" souligne M. Pierre Bazaille, interrogé par l'AFP.
"Les prix se maintiennent à Lyon, Nantes et Bordeaux mais ils sont en baisse dans le nord, l'est et le centre de la France", indique-t-il.
Le volume national des transactions, revenu sur un rythme annuel de 800.000 par an, est en baisse de 10% depuis la "rupture" de juillet, qui semble marquer un tournant dans le marché immobilier, conclut Me Bazaille.