L'euro a fortement rebondi mercredi en dépit de la crise de plus en plus profonde en zone euro, profitant d'un accès de faiblesse du dollar provoqué par des propos du président de la banque centrale américaine (Fed) qui ont ouvert la voie à de nouvelles mesures de relance.
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), la monnaie unique européenne valait 1,4153 dollar contre 1,3974 dollar mardi à la même heure. Elle était tombée mardi à son plus bas niveau en quatre mois, à 1,3837 dollar.
L'euro progressait également face à la devise nippone à 111,80 yens contre 110,81 yens la veille.
Le dollar baissait face au yen à 78,99 yens contre 79,27 yens mardi soir.
"On observe une amélioration de l'appétit des investisseurs pour la prise de risque, au moins comparé au début de semaine", ce qui défavorise dollar, yen et franc suisse, considérés comme des valeurs refuge, a commenté Samarjit Shankar, de BNY Mellon.
"Il y a un certain espoir que les dirigeants européens aient plus de temps" pour répondre à la crise de la dette, a-t-il ajouté. "Ce qui a aussi aidé, c'est l'audition de (Ben) Bernanke".
Le président de la banque centrale américaine, qui s'exprimait devant des parlementaires, a estimé que face à "beaucoup d'incertitudes", il fallait "rester ouvert à toutes les éventualités".
Pour M. Bernanke, "il reste possible que la faiblesse récente de l'économie des Etats-Unis dure davantage que prévu et que réapparaissent des risques de déflation, ce qui rendrait nécessaire un soutien de politique monétaire supplémentaire en faveur de l'économie".
En laissant la porte ouverte à de nouvelles mesures de relance, il a non seulement rassuré les investisseurs, mais il a aussi affaibli le dollar, a expliqué M. Shankar.
L'injection de liquidités par la Fed dans l'économie, comme elle le faisait jusqu'en juin, a pour effet de diluer la valeur de la monnaie américaine.
M. Bernanke a tout de même précisé qu'à l'opposé "l'économie pourrait évoluer dans un sens qui justifierait d'entamer une politique monétaire moins accommodante".
"Même si M. Bernanke a équilibré ses déclarations, (...) le marché reste plus sensible à la possibilité d'un nouvel assouplissement, parce que premièrement, l'économie reste faible (...) et deuxièmement le marché a l'impression que la barre pourrait ne pas être trop élevée" pour que la Fed décide de nouvelles mesures, vu que son président juge l'accélération de l'inflation transitoire, a estimé Alan Ruskin, de la Deutsche Bank.
"Même si l'euro a nettement bénéficié des propos de M. Bernanke, cela ne va pas durer: l'actualité européenne va bientôt reprendre le dessus", a-t-il prévenu.
La zone euro reste dans la tourmente, comme le montre l'abaissement de la note de la Grèce par Fitch, à "CCC", une note qui signifie que pour l'agence d'évaluation, le pays présente un vrai risque de non-remboursement.
Mardi soir, Moody's avait relégué la note de l'Irlande dans la catégorie des investissements spéculatifs.
Signe des divergences entre pays européens, l'idée d'un sommet d'urgence entre chefs d'Etats pour stopper la contagion a été jugée "très improbable" mercredi par des diplomates. Il devrait intervenir au plus tôt en début de semaine prochaine.
Les investisseurs ont toutefois trouvé une source de réconfort lorsque Fitch a estimé que l'Italie devrait être en mesure de tenir ses objectifs de réduction du déficit public grâce à son plan d'austérité et conserver ainsi sa notation.
Vers 21H00 GMT, la devise helvétique montait face à la monnaie européenne à 1,1582 franc. Elle progressait aussi face au billet vert à 0,8181 franc suisse pour un dollar, après être montée à 1,8175 franc, un record.
La livre britannique se stabilisait face à l'euro à 87,87 pence, mais progressait face au billet vert à 1,6102 dollar.
La devise chinoise a fini à 6,4677 yuans pour un dollar contre 6,4721 yuans la veille.
Cours de mercredi Cours de mardi
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21H00 GMT 21H00 GMT
EUR/USD 1,4153 1,3974 EUR/JPY 111,80 110,81 EUR/CHF 1,1582 1,1605 EUR/GBP 0,8787 0,8780 USD/JPY 78,99 79,27 USD/CHF 0,8181 0,8303 GBP/USD 1,6102 1,5913