Le dollar est tombé lundi à un plancher historique de 75,32 yens, poussant le ministre japonais des Finances à réitérer sa menace d'une intervention directe sur le marché des changes.
Après être descendu ponctuellement à ce seuil, le dollar est quelque peu remonté et cotait 75,70 yens à 00H50 GMT, un niveau jugé toujours insupportable pour les entreprises japonaises. Il cotait encore 75,81 yens vendredi à 21H00 GMT.
Le billet vert n'en finit plus de chuter depuis des mois face à la monnaie japonaise, à cause des hoquets de l'économie américaine et de la crise d'endettement de pays européens, menaçant de plus en plus la reprise de l'activité du Japon en récession.
Peu avant la crise financière de 2008-2009, le dollar a coté jusqu'à 120 yens.
Quelques minutes après ce nouveau record de faiblesse du billet vert, le ministre japonais des Finances a menacé de vendre massivement des yens sur le marché afin d'en affaiblir la valeur.
"Si la situation l'exige, nous prendre des mesures décisives", a prévenu Jun Azumi lors d'une conférence de presse.
Il a attribué cette nouvelle flambée du yen à "d'importants mouvements spéculatifs", estimant qu'il n'y avait "pas de raison objective au nouveau record" établi par la devise japonaise.
M. Azumi a agité la menace d'une intervention plusieurs fois ces derniers jours, sans la mettre à exécution jusqu'à présent.
Les autorités nippones sont déjà intervenues unilatéralement sur le marché en septembre 2010 et en août dernier, ainsi qu'une autre fois en mars 2011 avec l'appui des autres pays riches du G7. Ces actions ont temporairement diminué la valeur du yen, mais jamais de façon durable.
Jeudi, la banque centrale du Japon (BoJ) a décidé d'assouplir davantage sa politique monétaire pour contrer la cherté de la monnaie nippone, en augmentant les montants qu'elle s'autorise de consacrer à l'achat de bons du Trésor japonais, mais cette mesure n'a pas eu d'effet sur les taux de change.
Un yen trop élevé renchérit le coût des produits fabriqués au Japon sur les marchés extérieurs, oblige les entreprises nipponnes à rogner leurs marges et amoindrit la valeur de leurs revenus tirés de l'étranger.
Le tout freine les exportations, incite les industriels à transférer des usines hors du Japon et à s'approvisionner en dehors du pays, au détriment de l'économie de l'archipel.
Ce renchérissement de la devise nippone est malvenu pour la troisième puissance économique mondiale qui est plongée depuis la fin 2010 dans une récession aggravée par le séisme et le tsunami du 11 mars.
Cette catastrophe naturelle a non seulement provoqué la mort de près de 20.000 personnes dans la région du Tohoku (nord-est), mais aussi entraîné un accident nucléaire à Fukushima, détruit des usines, provisoirement rompu les circuits d'approvisionnement des entreprises et plombé le moral des ménages.
-- Avec Dow Jones Newswires --