Martine Aubry, candidate à la primaire PS pour 2012, a qualifié mardi de "tour de passe-passe" le projet de loi prévoyant d'inscrire dans la Constitution la volonté et les moyens politiques de redresser les comptes publics.
Le Premier ministre François Fillon s'est dit favorable mardi à une convocation du Congrès du Parlement pour voter ce projet, adopté lundi en deuxième lecture au Sénat. Ce texte prévoit d'inscrire dans la Constitution une "règle d'or", le principe de "lois-cadres d'équilibre des finances publiques", programmant sur au moins trois ans les efforts budgétaires que la France doit fournir pour assainir ses comptes.
"On se moque un petit peu du monde, franchement. Quand on fait passer le déficit budgétaire de 40 à 140 milliards (...) quand on a doublé la dette de la France de 900 mds à 1.800 mds en 10 ans, on ne va pas expliquer qu'on va imposer à ses successeurs des règles", a réagi Mme Aubry sur RTL.
"La règle d'or, ça doit être celle d'une politique, ça doit être de ne pas faire voter des réformes qui ne soient pas financées", a-t-elle affirmé, en citant la suppression de l'Impôt sur la fortune (ISF) "pour la moitié de ceux qui le paient" et "la détaxation des heures supplémentaires".
"C'est vraiment vouloir se blanchir pour l'avenir" en mettant en place "des règles qu'on ne s'est pas imposé à soi-même. C'est pas correct, c'est un petit peu un tour de passe-passe", a dit la maire de Lille.
"Par cette manoeuvre, Nicolas Sarkozy espère faire oublier sa responsabilité dans l'explosion des déficits publics et de la dette. Mais cela ne trompe personne", a aussi estimé dans un communiqué Michel Sapin, secrétaire national du PS à l'économie.
A ce jour, aucune date n'a été retenue pour cette convocation du Parlement en Congrès. L'opposition doute que l'exécutif prenne le risque de convoquer le Parlement sans être sûr d'obtenir la majorité requise de 3/5e des députés et des sénateurs réunis en Congrès à Versailles.