Le patron de la banque centrale suisse estime, dans un entretien paru mercredi, qu'il n'y a pas de solution "miracle" à l'appréciation du franc suisse, qui pèse sur les exportateurs, et prévient qu'un retour de l'inflation pourrait amener l'institut à relever ses taux.
"Il ne faut pas se faire d'illusions: il n'y a pas de solution miracle à ce problème" de l'appréciation du franc suisse, a indiqué le président de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand, dans un entretien au journal helvétique L'Agefi paru mercredi.
"On le voit bien dans notre bilan, cette solution (de l'intervention sur les marchés des devises) à un coût", a rappelé M. Hildebrand, en référence aux achats massifs d'euros et de dollars que la BNS a effectué l'année dernière pour tenter de freiner la hausse du franc suisse.
L'accumulation de devises étrangères dans son bilan a valu à la banque centrale suisse d'encaisser d'importantes pertes de changes, qui se sont répercutées sur le résultat annuel.
La BNS a ainsi subi l'année dernière une perte massive de 21 milliards de francs suisses (16,3 milliards d'euros), après un bénéfice net de 10 milliards en 2009.
L'année dernière, le franc s'est apprécié de plus de 15% face à l'euro et de plus de 9% face au dollar. La monnaie suisse s'est cependant relâchée depuis début 2011.
Le patron de l'institut d'émission a pointé du doigt les importateurs suisses, qui profitent de leur devise forte pour acheter à moindres coûts à l'étranger mais ne diminuent pas suffisamment, selon lui, les prix de leurs produits pour le consommateur.
Face à ces difficultés, Berne a admis que "l'appréciation du franc entraînera un ralentissement de la croissance économique au cours des prochains mois", dans un communiqué du ministère de l'Economie (DFE).
Pour contre-balancer la cherté du franc, le DFE veut notamment augmenter l'aide pour la promotion du secteur touristique, qui a souffert de cette situation, et prolonger les mesures contre le risque à l'exportation.
Concernant l'inflation, M. Hildebrand a estimé qu'"à court terme (...) la stabilité des prix est tout à fait assurée", ce qui ne devrait pas se traduire dans l'immédiat par une hausse du taux directeur.
"A long terme, en revanche, si la croissance se confirme, il est clair qu'on ne pourra pas maintenir une politique aussi expansive qu'actuellement", a-t-il averti.
L'institut d'émission, qui a laissé en décembre son taux directeur inchangé à 0%-0,75%, table pour cette année sur une inflation de 0,4% et pour l'année suivante sur 1%.
"L'inflation devrait s'approcher de 2% d'ici la fin de l'horizon de prévision" et la BNS devra alors "tôt ou tard commencer à normaliser ses taux", selon M. Hildebrand.