
Nicolas Sarkozy a organisé à l’Elysée sa troisième conférence de presse en quatre ans. Il y a dévoilé les grandes lignes de sa première présidence française au G20 et G8.
« Si le G20 veut rester légitime, il doit demeurer efficace » commence le Président de la République. Une présidence qu’il promet de mener avec « humilité mais beaucoup de détermination ». Selon lui, l’efficacité passera par des réformes en profondeur dans le système économique mondial.
Une surveillance des flux de capitaux
Première cible, le flux des capitaux. Le Président de la République aimerait que le G20 « propose d’élaborer un code de conduite en matière de gestion de flux de capitaux. Le FMI devra élargir son domaine de compétences, en s’attachant à une mission de surveillance des déséquilibres mondiaux et des flux de capitaux. L’objectif à long terme étant d’empêcher les pays en voie de développement de se retrouver avec des « réserves de change excessives ».
Un non-contrôle des capitaux
Second désir de changement du chef de l’Etat : un non-contrôle des capitaux. « Le dollar est et restera la devise prépondérante. La France ne souhaite pas le remettre en cause et n’est pas davantage favorable au contrôle des capitaux ». Toutefois, c’est tout le système international monétaire qu’il désire bouleverser, puisqu’il « n’en n’existe pas », selon lui, depuis 1971. « Dire qu’il en existe un, c’est déjà une grave erreur », a-t-il rajouté. En ce qui concerne le cas des chinois, le chef des armées se montre pragmatique : « les deux tiers des réserves chinoises sont libellées en dollars, ce n’est pas dans leur intérêt qu’il s’effondre ». Mais en homme avisé, Nicolas Sarkozy n’oublie pas de fermer ce chapitre sur les puissances émergentes : « l'émergence de nouvelles puissances économiques conduira inéluctablement à l'émergence de nouvelles monnaies internationales ».
Taxe sur les transactions financières
Cheval de bataille de la présidence française au groupe des 20, la taxe sur les transactions financières. Une idée dure à imposer au sein de la communauté internationale : « je sais bien que cette taxe a de grands adversaires sur son chemin mais nous essaierons de les convaincre » a avancé le chef du gouvernement. Pourtant, pas question de se lancer seul à l’assaut des opposants : «nous serions davantage crédibles s’il y avait quelques pays avec nous pour prendre cette initiative. Je ne désespère pas » a-t-il complété. Pour la justifier, le Président n’hésite pas à la qualifier de « morale en période de crise financière et d’utile pour dissuader les spéculations ». La taxe Tobin serait la « meilleure formule » pour trouver de nouvelles ressources pour le développement. A double niveau, elle fixe dans un premier temps un faible taux applicable aux transactions financières limitées, mais impose dans un deuxième temps un taux d’environ 80% en cas d’instabilité financière des partis engagés.
Un socle de protection sociale universel
Les institutions aussi en auront pour leur argent. Le chef des armées souhaite donner plus de poids à l’Organisation Internationale du Travail dans le système économique mondial, qui passera avant tout par « la mise en place d’un socle de protection sociale universel ». « La France ne se résigne pas à ce que les huit conventions de l'Organisation internationale du travail sur les droits fondamentaux du travail ne soient pas ratifiées par tous les membres du G20 », a expliqué Nicolas Sarkozy, tout en indiquant que les partenaires sociaux seront « totalement associés aux travaux du G20 ».
Devant un tel programme, Nicolas Sarkozy sait que la mise en place de ces dispositions s’avère fastidieuse : « nous ne règlerons pas tous les problèmes en une présidence » a-t-il sagement déclaré. Son « étonnante modestie » a été appréciée par l’ensemble de l’opposition, même si certains regrettent que le Président « y aille à reculons », comme l’a déclaré hier soir Martine Aubry.
Théo Garcin