La hausse du franc suisse, qui s'est fortement apprécié ces derniers mois, pourrait peser sur la reprise économique dans la Confédération helvétique et ne pourra être combattu que par la banque centrale, a estimé vendredi le ministère de l'Economie.
"La fermeté du franc suisse pourrait peser sur la reprise économique", a estimé le secrétariat d'Etat à l'Economie (Seco) dans un communiqué.
"Si elle perdure, la cherté du franc suisse par rapport à l'euro et au dollar comporte des risques considérables pour la conjoncture suisse", a-t-il insisté, alors que la monnaie suisse s'est appréciée de plus de 12% sur un an par rapport à l'euro et plus de 5% face au dollar.
Selon le chef du Seco, Jean-Daniel Gerber, la Suisse est "victime de son succès", car la solidité de ses fondamentaux économiques a participé à faire flamber sa devise, renforçant son rôle de monnaie-refuge.
M. Gerber a cependant tenu à relativiser la situation, lors d'une conférence de presse, estimant que la Suisse ne se trouvait "pas en crise", mais "dans une situation relativement difficile et marquée d'incertitudes".
La flambée du franc fait souffrir les exportateurs helvétiques, qui vendent principalement vers l'Union européenne et qui voient leurs marges fondre au fur et à mesure que la devise suisse s'envole.
Le Seco, qui a convoqué vendredi à Berne les acteurs économiques et sociaux pour faire le point sur la hausse du franc, a estimé que "seule la politique monétaire, qui incombe à la Banque nationale suisse (BNS, banque centrale), peut contrer directement la vigueur du franc".
Parmi les mesures indirectes envisagées pour soutenir les entreprises suisses, le Seco recommande d'accélérer la mise en place d'accords de libre échange.
L'Union syndicale suisse (USS), selon laquelle 100.000 emplois sont menacés dans la Confédération par la hausse du franc, a estimé qu'il était "inacceptable de ne percevoir aucun signal d'une volonté d'agir".
"Des rencontres au sommet pour se borner à échanger des réflexions, sans intention de passer ensuite de la parole aux actes, n'apportent rien à la population", a dénoncé le syndicat.
La présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey, a pour sa part indiqué qu'"en temps voulu, si nécessaire, le Conseil fédéral (gouvernement) prendra des mesures".
La BNS est intervenue à plusieurs reprises sur les marchés des changes pour tenter d'enrayer la progression du franc suisse, mais sans grand succès, estiment les analystes.
Ces interventions ont conduit l'institut d'émission à anticiper un résultat
négatif de 21 milliards de francs suisses pour son exercice 2010 où les pertes de changes s'élèvent à 26 milliards.
"Nous sommes dans la situation paradoxale où la force du franc suisse signale la confiance des marchés dans la Suisse, mais nous a fait subir des pertes", a admis le président de la BNS Philipp Hildebrand, lors d'une conférence de presse.
La forte volatilité des marché va continuer à affecter les résultats de la banque centrale, a-t-il souligné.
Face aux appels à plus d'intervention de la part de la BNS pour enrayer la hausse du franc, M. Hildebrand a souligné que l'institut d'émission ne poursuivait pas l'objectif de fixer le cours du franc.
"Si nécessaire, nous allons prendre les mesures nécessaires pour garantir la stabilité des prix", a-t-il rappelé.